Folsom Street fair

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   San Francisco, le 24 septembre 2023
   La Folsom est une immense fête fetish-BDSM gay qui se déroule chaque année en septembre : toute une journée dans une grande avenue de San Francisco et quelques rues adjacentes. Et c’était le but principal de notre voyage aux States entre amis !
   Juste avant de partir, je m’en voulais un peu de m’être engagée si vite, je m’alarmais : qu’allai-je faire dans cette fête gay où l’on me regarderait sûrement comme une intruse ! J’aurais dû me renseigner avant de suivre aveuglément l’ami qui m’a proposé le voyage…(toujours lire les détails des événements avant de foncer tête baissée, je le sais pourtant !) Mais Arnauld Mâitre, co-organisateur des soirées Bananeraies, Méchantes Noces et Méchantes soirées, rayonne d’un charisme irrésistible, je lui ai dit oui tout de suite, je consentais à tout, trop contente d’être de la partie…
   Je me suis inquiétée sans raison : San Francisco m’a comblée au-delà de mes rêves ! Je n’attendais donc rien de la Folsom, cette cerise sur un gâteau déjà succulent, et j’ai été plus qu’heureusement surprise ! Par la présence de nombreuses filles déjà, des misstress pour la plupart ; par l’ambiance hyper bon enfant qui régnait, une ambiance super sympa, ouverte, souriante ; par les séances souvent hard core, les tenues époustouflantes, le vent de liberté qui soufflait fort, les pratiques transgressives à tous les coins de rue… mais reprenons depuis le début !

   Après un départ de notre hôtel tout en élégance et discrétion – il s’agit d’immortaliser ce moment historique ^^ -, nous nous dirigeons vers la Folsom, excités comme jamais.
   La queue est longue devant l’entrée, mais notre chef de file découvre une brèche sur le côté, nous nous y engouffrons à sa suite, vaguement coupables, avec cette sensation de faire des « bêtises » qui nous donne le fou rire. Nous sommes dans la place ! Fidèle à ses habitudes, Arnauld Mâitre débouche une bouteille de champagne, emplit nos verres, et nous trinquons à l’aventure qui s’annonce. J’ai le vertige : je suis à San Francisco, ville mythique, et au cœur de la plus grande fête fetish qui soit au monde ! Nous décidons de visiter les lieux au pas de course une première fois pour prendre nos marques et repérer les lieux, tant que la foule n’est pas trop dense encore, avant de déambuler au ralenti et nous attarder ici ou là.
   Je m’attendais à une marée d’hommes musclés portant un simple harnais de cuir sur leurs pectoraux bombés, mais les participants arborent les looks fetish les plus variés, souvent spectaculaires. Beaucoup de gens nus aussi, ou habillés simplement, en jeans tee-shirt ; rien n’est obligatoire. Je suis amusée de voir plusieurs chiens (des vrais) tenus en laisse, et même un bébé dans les bras de son père !

   Dans l’avenue principale, des artisans proposent des martinets, des paddles et des accessoires fetish en cuir de toutes sortes. Tout est très beau, et très cher aussi ! Il y a également des stands de prévention sur les IST, les drogues, avec même distribution de kits pour transporter son produit de façon safe – on est stupéfaits, et on se chamaillent comme des enfants pour en avoir. On croise plus loin un homme qui vend des champignons hallucinogènes au vu et au su de tous – je me demande si c’est légal par ici.
   Il y a aussi des ateliers : je remarque un stand où l’on propose des massages, je me promets d’y revenir, mais je n’aurai pas le temps finalement (ne jamais remettre à plus tard !). Tout au bout de l’avenue, je m’arrête devant une grande tente, un stage de dressage pour puppys, ces garçons qui jouent à être des chiots. Ils jappent tous en chœur, tendent la papatte, chahutent… ils sont trop mignons ! J’en recroise plus tard dans les rues, affairés à toutes sortes d’activités, notamment avec des « furrys » – kink qui consiste à s’habiller en animal, pour se faire des câlins. J’ai tellement envie d’essayer : enfiler un pyjama pelucheux, un masque de lapin ou de renard, et échanger caresses et câlins avec des congénères… Mais ils ont l’air d’avoir très chaud sous le soleil de Californie – moi-même je regrette mon perfecto et mon sac plein de trucs inutiles (gilet, écharpe…)
   Des hommes se tiennent à genoux dans une piscine gonflable bleue, telle qu’il en existe pour les enfants. Je suppose qu’il s’agit de littles (soumis jouant à redevenir des enfants) s’apprêtant à barbotter ? En fait, non… ils vont bien barbotter toute la journée, mais ce ne sera pas dans de l’eau claire ! Ils sont cernés d’une haie d’homme qui jouent à celui qui vise le mieux et le plus loin (Jeux uro en cours, pour ceux qui n’ont pas compris mes fines allusions !)
   Dans l’une des rues, des shows de shibari se succèdent sur scène, dans une autre, un ring accueille des combats de catchs ainsi qu’un espace dédié aux jeux d’impact avec toutes les installations ad-hoc : croix de Saint-André, banc à fessée… J’admire un long moment les séances en cours, cherchant à percer ce mystère : les jeux BDSM sont-ils différents outre-Atlantique ? Il me semble qu’ils sont plus intenses, les dominants vont plus loin, tout en usant des mêmes accessoires que nous. Ils pratiquent joyeusement, avec une certaine brusquerie. L’after care est bien présent aussi, avec de bons gros hugs à l’américaine et des effusions.
   Plus loin, la musique techno pulse, des danseurs ondulent de la façon la plus sexy qui soit sur une estrade, et des spectateurs leur glissent des billets dans le string ; des chippendales fetish !

   Nous entrevoyons moult stands offrant des boissons et de la nourriture qui nous mettent l’eau à la bouche. Nous reculons devant le temps d’attente et préférons déjeuner dans un restaurant japonais, qui se révèle le meilleur du monde ; une pause décalée et délicieuse ! Mais je trépigne pour rejoindre la fête au point de quitter la table avant tout le monde et planter les amis qui bataillent toujours avec leurs baguettes dans leur soupe – j’ai aussi envie de me frotter à la Folsom toute seule, me noyer dans la foule, m’arrêter où je veux, vivre des aventures qui ne peuvent survenir quand on se promène en groupe, faire des rencontres… (finalement, il n’y a pas que des gays à la Folsom 😉 )
  Une marque de tenues de latex commence une démonstration, je m’approche, hypnotisée par la magnifique jeune fille nue sur la scène. Elle s’habille peu à peu de latex, un strip-tease à l’envers des plus troublants : une combinaison intégrale moulante, des gants, une cagoule… elle nous décrit au fur et à mesure ses sensations, le plaisir qu’elle ressent en se glissant dasn cette seconde peau : elle se transforme, elle n’est plus elle-même, elle est devenue une poupée, le jeu peut commencer ! Elle poursuit en s’enduisant d’un produit pour faire briller sa combinaison, elle se caresse de façon sensuelle des pieds à la tête, et je crois que nous sommes plusieurs à succomber à son charme étrange. On ne voit plus rien de sa peau, de son visage, elle est devenue une créature fetish, une doll, qui brille de mille feux… Je m’imagine un instant, couverte de latex moi aussi, dansant et glissant dans ses bras.
   Je retrouve mes amis, on se raconte nos frasques, avant de repartir en exploration. Nous ne savons plus où donner de la tête ! Nous déambulons au hasard entre les différents espaces, nous arrêtant l’espace d’un instant devant la scène shibari, des concerts, des danseurs… Nous croisons des attroupements à tous les coins de rues : des séance BDSM spontanées, des ébats torrides se déroulent, là, au milieu du cercle de voyeurs. Curieuse, je me faufile, et surprends des séances de fessées intenses, des séances de fist extrêmes, des flagellations sur des seins déjà violets, des étreintes sexuelles fougueuses, animales…
   Plusieurs clubs techno et des bars sont ouverts le long de l’avenue, nous entrons librement, le temps de danser au milieu de la foule dans la pénombre percée de lasers, avant de retourner dans la rue en clignant des yeux sous le soleil de San Francisco.
   18h arrive bien trop vite ! Quel dommage que la Folsom ne se prolonge pas toute la nuit, nous devons rentrer alors que nous sommes chauds-bouillants… à la faveur de la nuit, tout deviendrait possible. Nous sommes cueillis à la sortie par des policiers, leurs uniformes ne dépareillent pas avec les tenues de la Folsom ; clic, une photo souvenir ! Ils se prêtent bien volontiers au jeu, je résiste à l’envie d’aller plus loin, de leur tendre mes poignets pour essayer de vraies menottes…

   Pour en savoir plus : le site de la Folsom

   Album souvenir : quelques photos perso dans le désordre, suivies de photos trouvées sur la page FB de la Folsom pour vous montrer un peu l’ambiance (et la foule !)
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