Amour conjugal – Chap.1 Malentendu

ça sent la rentrée, je reprends le stylo pour le plaisir d’écrire des bêtises ! 

Une histoire sur la distraction, ce poison qui nous coupe de la réalité, et nous fait vivre ailleurs, dans nos pensées, nos fantasmes et notre imagination. Une véritable dimension parallèle qui prend le pas sur le réel, source de malentendus et même d’angoisse, puisque l’on imagine souvent le pire !

Chap.1 Malentendu

— Quoi, une plage de galets ! Et en plus, il pleut… C’est réussi notre week-end romantique… romantique, tu parles !
— Bon, Charlotte, il faut qu’on parle.
Un gouffre s’ouvre sous mes pieds, je tombe en chute libre, avant de revenir à moi, toute faible. Il vient de prononcer la phrase fatale, annonciatrice de catastrophes en séries. Il veut me quitter, il veut divorcer, j’ai dépassé les bornes… c’est la goutte d’eau ma remarque sur la plage, alors qu’il a organisé ce week-end en amoureux à Berk (déjà, rien que le nom, il aurait dû se méfier). Il faut toujours que je critique, que je sorte les griffes pour un oui ou pour un non… Je me mords les lèvres, je connais l’adage pourtant, Sept fois dans ta bouche tu tourneras ta langue…. Qu’est-ce qui m’a pris de l’accabler de sarcasmes, alors qu’au fond de moi, je suis ravie du dépaysement, de m’éloigner de Paris, de respirer l’air de la mer… Mais s’il a fait tout ça pour qu’on parle, il aurait pu se dispenser de tous ces efforts… Bon, je dois me ressaisir, pas de panique, je peux tout rattraper, je vais me montrer sous mon meilleur jour… ce n’était pas très malin de critiquer tout comme ça, mais c’était plus fort que moi, je suis nerveuse, je n’y peux rien ! Je me trouve tellement injuste, il fait tellement d’efforts, lui ! En plus, la dernière fois qu’on est allés à la mer, je râlais tout le temps sur le sable qui se collait partout, qu’on répandait dans toute la maison, il a dû s’en souvenir. Les plages de sable fin, ça me fait toujours rêver, mais une fois que j’y suis, au bout de dix minutes, j’en assez de ce sable qui envahit ma serviette, se dépose sur mon goûter, s’infiltre dans les ouvertures de mon téléphone, il va s’enrayer à force… Alors que les galets, certes c’est très inconfortable, mais j’ai trouvé un galet parfait, doux, lisse et rond. Mais je ferai mieux de penser à mon chéri, à tout ce qu’il fait pour moi !
Le remords me décompose sur place, je deviens tout miel.
— Autour d’une coupe de champagne peut être, pour nous détendre ? Désolée de m’être montrée si peu aimable… tu comprends, le stress du départ, les embouteillages, la déception quant à la plage, et maintenant, la pluie…
Je tente un clin d’œil complice.
Il ne sourit pas, oh là là, c’est très mauvais signe, il va me dire qu’il ne me supporte plus, il va réclamer un break, me faire la leçon et des sermons à n’en plus finir… Pas la peine, promis-juré, je ne me plaindrai plus jamais, je serai toujours souriante comme une geisha, distinguée comme une princesse, douce et admirative devant tes exploits ô mon roi…
— Charlotte, tu m’écoutes ?
— Mais oui, toujours !
— Et je disais quoi ?
Je me lance au hasard.
— Tu n’étais pas d’humeur à boire du champagne, ce que je comprends très bien…
— Tu ne m’écoutais pas ! Je le vois, tes yeux regardaient dans le vide, tournés vers ton film intérieur ! Tu ne préfères pas la vraie vie à ton imagination ?
— Si si…
Je me sens peu convaincue au fond, car bientôt la cruelle réalité va me tomber dessus, je vais finir seule, avec peut-être un chat, ou un chien… oui, un chien plutôt, je me sens plutôt mémère à chien. Un gentil, peut-être un yorkshire, ou carrément un labrador qui passera son temps à me lécher dévotement la main…
Un claquement de doigts me fait revenir à moi ; qu’est-ce qu’il y a encore ! Cette fois, mon chéri accroche mon regard et ne le lâche plus. Je n’ai plus le choix, je dois rester dans ce douloureux présent à peine supportable, endurer ce qu’il veut me dire. Je suis prête, autant en finir tout de suite, je m’offre, vas-y, crucifie-moi direct, mais fais vite… Surtout ne pas pleurer, surtout ! Trop tard, mes yeux piquent, je suis au bord des larmes. Fichue sensibilité qui me gâche la vie. Vite, je détourne la tête, à la recherche d’un mouchoir. J’accuse les acariens, une poussière dans l’œil, la femme de ménage…  Quelle humiliation d’être si sensible, sensiblerie de merde, j’ai pourtant eu une enfance heureuse, des parents présents, encourageants, aimants, des petits copains adorables, et lui, le soleil de ma vie… alors pourquoi les larmes ne sont jamais loin, prêtes à déborder à tout moment, qu’est-ce qui cloche chez moi….
— Charlotte !! Reste avec moi à la fin ! Tu ne peux pas fuir la moindre discussion…. Ce soir on reste dans notre chambre d’hôtel, j’ai commandé un souper fin, et je n’ai qu’un mot à dire : baisons !

à suivre…

Machine à écrire croisée au Musée Eugène Boudin

 

2 commentaires

  1. Jean-Michel Pouilhe a écrit :

    Belle histoire, brève mais qui annonce une belle nuit. Pourquoi donc toujours se lamenter se plaindre et accabler l’autre quand c’est nous qui n’allons pas si bien que cela.
    Jean-Michel.

    1. a écrit :

      Merci Jean-Michel ! Oui, c’est un phénomène bizarre : accuser l’autre, se passer les nerfs sur lui, alors que le problème vient de nous ! Je pense que de nombreuses disputes de couples peuvent être évitées si on en prend conscience 😉

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