Writober 2022

 

Défi d’écriture tout le mois d’octobre entre amis et amies de plume : chaque jour, une histoire en 50 mots environ à partir d’un mot clef (le mot peut figurer dans le texte, ou être évoqué), à partager sur le groupe Facebook Writober francophone
   Je recopie mes contributions ici, pour la postérité 😉 en souvenir plutôt…

***

Jour 1 : Gargouille
La gargouille s’ennuyait, perchée tout en haut de l’église depuis des siècles, lassée de la vue magnifique s’étalant sous ses yeux. Elle profita d’une nuit de tonnerre et d’un coup de foudre pour s’ébrouer et se libérer de sa prison de pierre. Son cri perçant glaça le cœur des Parisiens.

Jour 2 à 9 : se précipiter chauve-souris, coquille, flamme, voyage, correspondre, nid
Elle se précipita dans le vide et faillit s’abîmer dans les eaux noires de la Seine. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus volé, ses ailes s’étaient engourdies. Des chauves-souris passaient par là et l’encouragèrent de tous leurs ultras-sons.
Prise soudain d’une envie pressante, la gargouille se posa sur un toi et pondit un œuf. La coquille se fissura aussitôt, libérant une créature mi dragon mi gargouille, souvenir d’une nuit de folie. Le bébé monstre cria et cracha des flammes, vite éteintes par la gargouille qui lui projeta une gerbe d’eau à la figure. Un cracheur de feu ! C’était le bouquet pour une cracheuse d’eau, ça ne correspondait pas à son plan de carrière ! Facétieux destin… était temps de quitter le nid et de partir en voyage, avant de se faire repérer.

Jour 10 : grincheux
Ce matin-là, l’un des leurs manquait à la table du petit-déjeuner : Grincheux !
— Il est au coin, expliqua Blanche-neige, ce chenapan avait besoin d’une bonne leçon.
Elle disparut, des cris et des claques se firent entendre. Les nains pétrifiés en perdirent l’appétit.
Blanche-neige revint bientôt, accompagnée de leur camarade. Il la regardait avec adoration.
— Je vous présente Docile !
Prof se leva et fit mine de protester. Blanche-neige l’emmena aussitôt, ne cachant plus sa cravache

Jour 11 : Aigle
Le policier la toisa d’un air sévère.
— Madame, expliquez-moi pourquoi vous avez ficelé et enfermé votre invitée dans votre cave toute une nuit ?
— Mon donjon, Inspecteur ! J’organisais une soirée karaoké à la maison pour changer, on chantait joliment tous en chœur, et elle s’est mise à brailler sur « L’aigle noir », massacrant la chanson, vrillant mes oreilles, mon sang n’a fait qu’un tour… je suis sûre que vous me comprenez… Au fait, j’adore votre uniforme !

Jour 12 : oublier
Elle se jeta dans ses bras, fondue d’amour.
— Ce soir je veux tout oublier, mon mari jaloux, les gosses qui n’en font qu’à leur tête, mes collègues des impôts, mon rhume… atchoum, atchoum… prends-moi toute, maintenant ! Je suis à toi !
Il débanda d’un coup.
— Heu… je préfère rentrer, ne m’en veux pas, je te rappelle…

Jour 13 : Gentil
Deux copines :
— Moi tu vois, je le voudrais brun, ténébreux, cynique à souhait, moqueur et casse-cou ! Ah, et biker aussi… Et toi, ton crush idéal ?
— Un homme gentil…
— Quoi ? ça fait pas rêver, ça !
— Moi ça m’excite 😋
— Vicieuse, va !
— Non, perverse, nuance…
(Pendant des siècles, la gentillesse s’est apparentée à la simplicité d’esprit, mais les temps changent, fini le règne des bad boys !)

Jour 14 : Vide
Son mari la gonflait, elle le mit dehors avec pertes et fracas, ses amis lui mettaient trop de pression pour la voir, ouste, du balai, son job l’ennuyait, elle claqua la porte, les amants la harcelaient, elle les jeta les uns après les autres…
Enfin seule et tranquille, elle avait fait le vide autour d’elle ! Elle jubila quelques minutes avant de se jeter en pleurs sur son lit. Seule.

Jour 15 : Tatou
— Maman, j’aimerais un tatou !
— Certainement pas ! ça fait mal, et ensuite, c’est pour toujours…
— J’ai dix-huit ans, tu ne peux plus tout régenter dans ma vie !
La mère soupira ; sa petite chérie avait bien grandi.
Le lendemain, sa fille revint avec un panier où s’agitait une drôle de créature à carapace.
— Le zoo le donnait, je l’ai recueilli !

Jour 16 : Volaille
Le prof entra en coup de vent dans la salle de classe qui bruissait de bavardages
— Silence ! On dirait un poulailler !
— Et vous, vous êtes notre coq qui chante faux, les pieds dans le fumier de l’éducation nationale ! le provoqua une élève. Elle récolta 4h de colle, mais ce moment de gloire l’auréola toute son année de 3e

Jour 17 : Salé
Le vaisseau spatial se posa au milieu de l’océan Atlantique en toute discrétion. Toute cette eau ! Quel trésor inestimable dans l’univers ! Bientôt ses cales en seraient emplies, et fortune faite… Las, le verdict de l’expert fut sans appel : trop salé.

Jour 18 : Rayer
Elle lui glissa un papier dans la main. Il le déplia et sourit en le lisant :
Tu m’aimes :
– Un peu
– Beaucoup
– Passionnément
– A la folie
– Pas du tout
Entourer votre réponse
Mais il ne faisait jamais rien comme les autres, il ajouta une ligne et raya toutes les autres :
– Veux tu m’épouser ?

Enfin les progrès techniques firent un bond en avant, ils conquirent l’univers, planète après planète. Facilement, il n’y avait que des amibes et des protozoaires dans les rares planètes habitées. Jusqu’à ce qu’ils se heurtent à une jolie planète bleue ni trop près ni trop loin de son soleil. Une espèce belliqueuse y faisait des ravages et semblait sur le point de s’installer sur sa lune. Le début d’une conquête spatiale ! Ils préférèrent ne prendre aucun risque, et tuer dans l’œuf ce possible futur rival.
La Terre fut rayée de la carte.

Jour 19 : Queue de cheval
— Viens donc par là, mon bel étalon, prend-moi toute avec ta fabuleuse queue de cheval !
— Mais arrête, je ne suis pas un cheval, mais un chien… c’est du sérieux le pet-play, un peu de respect…
— Mmmm, je veux bien être baisée comme une chienne… viens je te dis !

Jour 20 : Bluffer
Elle attaqua dès le petit-déjeuner
— Dis-moi tout, tu as une maîtresse, je le sais !
C’était du bluff, mais son intuition la trompait rarement, elle flairait un truc louche.
Il soupira, le moment était venu de tout lui révéler.
— J’ai bien une Maîtresse, mais ce n’est pas ce que tu crois, ce n’est pas mon amante…
— Vraiment, tu vas me faire croire que vous ne baisez pas ?
— Elle me fouette, me piétine, me donne des claques, des fessées… mais rien de sexuel entre nous, je te le promets !
Elle en resta coite, muette pour la première fois en dix ans de mariage. Avant de décider que ces aveux valaient bien une gifle ; s’il aimait ça en plus !

Jour 21 : Mauvais chien
— C’est un bon chien ça, un bon chienchien à sa maman, bon chien va !
Woofy montra légèrement les dents pendant que sa maîtresse l’ébouriffait et le caressait dans le mauvais sens du poil. Il n’en pouvait plus de ces niaiseries de mémère ! L’envie de devenir un mauvais chien commençait à le taquiner sérieusement.
Il émit un grognement sourd.

Jour 22 : Braquage
Son homme s’avance, tout de noir vêtu, mystérieux avec sa cagoule ne laissant apparaître que ses yeux.
— Alors, qu’est-ce que tu en penses ma chérie ?
— Pour braquer une banque, c’est parfait, mais pour la soirée fetish qui nous attend, ça ne va pas le faire ! Enlève le haut !
— Tu es sûre ? Bon, d’accord… c’est mieux comme ça ?
— Enlève le bas aussi…
— Non, mais je vais pas y aller tout nu quand même !
— Enlève ton pantalon je te dis ! Ne t’inquiète pas, j’ai tout prévu.
Elle brandit une cage de chasteté ; il manque de s’étrangler, terrifié, tandis que son sexe se dresse d’excitation à l’idée d’être encerclé d’acier.

Jour 23 : crotte de nez (wtf 😅)
– Ma mère, dix fois par jour pendant mes années d’école maternelle : mouche ton nez !
-Moi, reniflant et esquivant le mouchoir tendu par la main maternelle, avant de courir loin : j’ai pas l’temps !!

Jour 24 : Fée
Les deux amis regardaient stupéfaits la créature aux yeux fauve et au sourire mutin.
– c’est une fée je t’assure !
– non, une sorcière, tu as vu ses yeux ?
– tu dis n’importe quoi, elle est gracieuse comme une fée….
En fait c’était une succube, elle se jeta toutes griffes dehors sur les garçons subjugués.

Jour 25 : Tentant
– Je ne sais pas par quoi commencer ! Tout me tente, tes joues, ton cou, ton ventre… T’embrasser, te caresser, te mordiller, te baiser, je veux tout ! …
– Décide-toi ma belle, on n’a pas toute la nuit, je dois partir vers minuit retrouver mon amie… les petites contraintes du polyamour…
– Mouais, ben ça me tente plus là d’un coup, j’aime prendre mon temps moi, sans surveiller l’heure… file Cendrillon ! Et n’oublie rien surtout !

Jour 26 : Ego
Elle était enchantée de son soumis ! Docile, empressé, endurant… mais elle avait dû le féliciter un peu trop souvent, car il prenait ses aises et affichait un petit air content de lui qui n’avait plus rien de soumis. Bientôt il deviendrait arrogant et bouffi d’orgueil ; il fallait y remédier rapidement.
Un soir, elle le rejoignit, tirant en laisse un autre soumis. Il se décomposa, tandis qu’elle le saluait d’un coup de cravache.
— Tu n’es pas irremplaçable qu’est-ce-que tu crois ! J’imagine que ton ego en prend un coup, mais il en avait besoin, tout comme tes fesses ! Bon, fini de bavarder, en position tous les deux !

Jour 27 : Goûter
Elle l’avait bien choisi, elle raffolait de sa peau et de son corps ! Elle commença par le humer, avant de le lécher délicatement. Les joues d’abord, et puis le torse, le ventre… Bientôt, elle s’affolait, elle voulait tout goûter, se régaler de son corps tout entier. Ses appétits se réveillaient, elle le mordilla, avant de le mordre à pleines dents. Elle le dévora de baisers, s’attardant dans son cou, là où palpite la vie, et but à long traits, assoiffée.
Le pauvre garçon s’effondra, en extase et exsangue. Elle s’essuya la bouche d’un revers de main, ivre de sang, et s’envola.

Jour 28 : Camping
Depuis un an, elle avait réussi à jouer le jeu, endosser le rôle de la fille saine et sportive. Il lui plaisait tant, il était si beau ! Elle courrait avec lui, mangeait bio, dormait tôt… Mais quand il fut question de camping itinérant et de nuits à la belle étoile pour les vacances, elle vit rouge.
— Ah non alors, je me suis fait suer toute l’année à faire du jogging, c’est pas pour randonner cet été ! Je te laisse le choix : tu préfères te prélasser sur un transat aux Seychelles ou aux Maldives ?

— Viens, on s’en va, on part en voyage !
— Mais… on a rien réservé, ni avion, ni hôtel…
— Ce sera l’aventure ! Ma vieille tente de camping, nos sacs à dos, et c’est parti… à nous les nuits à la belle étoile, dans le foin…
— Mais… et s’il pleut ? Et s’il y a les insectes ? On se lavera où ?
Elle se renfrogna ; il la connaissait donc si peu, depuis le temps qu’ils sortaient ensemble !
— Ok, ma princesse au petit pois, c’était une blague ! Tiens…
Et il lui tendit une enveloppe, deux billets pour le mythique Orient Express, direction Venise et ses bals masqués !

Jour 29 : Houlà
Ils s’effondrèrent sur le lit, épuisés. Elle s’étira.
— Mmm, c’était bon de faire l’amour comme des fous toute la nuit !
— Oui ! Et maintenant, je te propose qu’on choisisse quelques produits au marché, et puis je cuisinerai pour toi…
— Houlà, pas si vite ! Tu t’emballes un peu trop je trouve, là… je t’arrête tout de suite, avant la virée à Ikéa, la dispute sur les prénoms des mômes… T’es juste un plan Q d’un soir je te rappelle !
Il éclata de rire et la fit taire d’un baiser. Il la désirait à nouveau.

Jour 30 : Engrenage
Au fond d’un tiroir de la maison de vacances, je trouve une montre toute jaunie. Sans y croire, je la remonte en tournant sa petite molette crantée. De mystérieux engrenages se mettent en branle et son cœur mécanique se remet à battre, un tic-tac désuet, à peine perceptible, qui scande l’écoulement du temps…
Je me retourne, saisie : la maison a changé, elle est pleine de désordre et de vie ! J’entends des voix disparues, des fantômes bien-aimés se chamaillent en bas… on m’appelle :
– Clarissa !! Mais elle est cachée où encore cette enfant…

Jour 31 : Ferme
Et voilà, le défi d’écriture Writober s’achève, ce sont nos derniers mots, le groupe Facebook va fermer… jusqu’à l’année prochaine !
À moins que le groupe ne revive ailleurs sous une autre forme, pour le nouveau challenge qui nous attend : Nanowrimo, écrire un roman en un mois, du 1 au 30 novembre ! On embarque tous sur cette nouvelle galère, guidée par notre capitaine, Eric Abbel ?

#writober #writober2022

 

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