Pratiquer le bdsm en toute sécurité

Paris-M 2

    Mercredi dernier, j’ai participé au dîner-débat mensuel de l’association PariS-M sur le thème de la sécurité :

« En Mai, fais ce qu’il te Play… mais fais le bien !!!!!
Des Jeux de toutes sortes, oui, oh oui !!!
Mais comment faire ? Comment jouer en sécurité et sainement ? »
     C’était passionnant, une dominatrice expérimentée et un médecin sont intervenus et ont répondu à toutes les questions. J’ai pris quelques notes, pour vous concocter un article sérieux, pour une fois !

***
    Les pratiques bdsm sont avant tout des jeux consensuels, négociés, sains et sûrs, entre adultes consentants. Avant une séance, bien parler avec son partenaire, instaurer un climat de confiance, prévoir un safeword pour tout arrêter.
    Il existe quatre niveaux de jeu :
— Les jeux à peine SM, pour pimenter les ébats : fessées, pincements, mordillements… sans scénario, ni accessoires.
— Les jeux SM léger : on utilise des liens, des pinces, il y a des contraintes, des scénarios basiques du type « punition » …
— Les jeux SM moyen/classique : les scénarios se complexifient : maître/esclave, on utilise plus d’instruments, des pratiques insolites font leur apparition : bougies, orties, tierce personne, humiliations, uro…
— Les jeux SM hard ou SM limite : le sang peut couler, pratiques d’étouffement, de noyade, marquage, électricité, scatologie, zoophilie (attention, illégal en France et dans de nombreux pays)…

    Il y a des règles de sécurité et d’hygiène à respecter selon les pratiques :
     Les jeux d’impact (martinet, cravache, fouet…)
— Eviter de frapper les reins, le visage, les yeux en particulier.
— Désinfecter la peau du soumis ou de la soumise ensuite en cas de plaies visibles
— Bien se laver les mains avant de jouer avec un autre partenaire. Les solutions hydroalcooliques ne suffisent pas, il faut se laver les mains avec de l’eau et du savon en cas de contact intime et présence de sécrétions et/ou souillures sur la peau.
— Désinfecter ses instruments entre deux partenaires. Il existe des sprays prévus spécialement (on peut même les mettre à tremper dans des solutions antiseptiques quand le matériel le permet et qu’il a été introduit dans des cavités anatomiques. Penser à les utiliser avec un préservatif quand c’est possible).
— Attention, le fouet peut couper. Certains changent le cracker de leur fouet à chaque partenaire.
— Ne pas frapper une peau lésée, car une blessure, même petite, est une porte d’entrée pour les germes.
— Attention aux coups de poings ou de pieds dans les parties génitales, risque de lésions importantes, dont éclatement des testicules.
— Gants de Dracula (gants hérissés de piquants) : usage unique pour une seule personne, car ça se lave difficilement.
Attention aux objets que l’on se prête et aux accessoires que les clubs mettent parfois à disposition : on ne sait pas comment ils ont été utilisés avant et s’ils ont été nettoyés.
Le BDSM peut être bucolique parfois, se dérouler en forêt par exemple. Se méfier des blessures liées aux végétaux, il y a un risque d’infection, surtout avec des branchages ramassés au ras du sol pouvant être souillés par des animaux sauvages. Choisir des végétaux en hauteur, bien désinfecter les plaies superficielles, et ne pas hésiter à aller aux urgences en cas de blessure à l’œil.
Vérifier une éventuelle allergie pour l’usage des orties par exemple, en testant sur une petite zone, attendre au moins 10 minutes pour voir s’il y a une réaction.
    Le shibari
— Eviter le nerf radial (sous l’aisselle principalement), qui peut occasionner des paralysies passagères d’une partie du bras.
— Eviter les articulations (risque de compression plus important).
— Vérifier la tension des cordes, on doit toujours pouvoir glisser un doigt sous les cordes.
— Prévoir des ciseaux – ou un coupe corde – non loin pour tout couper très vite en cas de soucis.
Pour désinfecter les cordes après une séance, on peut les passer à la flamme, ou les laver (certains utilisent même le lave-linge).
    Les bougies
— Eviter les bougies à la cire d’abeille, elles sont trop chaudes.
— Tester sur sa peau avant.
— Prévoir de l’eau fraiche, des glaçons non loin.
Installer une bâche pour ne pas salir le sol.
Rajouter un masque sur les yeux, pour plus de sensations et éviter les brûlures.
Attention aux bougies rouges, elles peuvent laisser du colorant sur la peau.
    Les jeux d’aiguille
— Contrairement aux apparences, ils sont peu douloureux, car les aiguilles sont fines et très pointues
— Bien laver la zone de jeux avec de la Biseptine ou de la Bétadine avant.
— Mettre des gants stériles type chirurgicaux, mais il faut savoir les mettre car dès qu’on les touche, ils ne sont plus stériles.
— Planter les aiguilles horizontalement et relativement superficiellement pour éviter de toucher des nerfs ou des vaisseaux avec un risque de saignement plus important.
    Les jeux électriques
— Eviter toute la partie haute, au-dessus de la ceinture (présence du cœur) pour les dispositifs puissants et pas forcément adaptés.
— L’électro stimulation type « Violet Wand » est plus douce, offre des picotements légers, aucun souci pour en faire sur tout le corps.
    Le fist
— Utiliser du lubrifiant.
— Éviter de le faire à main nue, sauf si on connaît très bien son partenaire d’un point de vue sérologique, mais il y a toujours un risque infectieux, si un des deux partenaires a des plaies. Le port des gants est conseillé.
— Prendre tout son temps, y aller progressivement, ne jamais forcer, pour ne pas blesser. 
— Et bien sûr se laver soigneusement les mains après les jeux… même si on a porté des gants !
Attention aux médicaments type Microlax qui peuvent irriter la muqueuse lors d’une utilisation répétée.
Insérer des objets dans l’anus n’est pas sans risque. Les urgences regorgent d’anecdotes : des personnes viennent avec des objets qu’elles n’arrivent plus à retirer et inventent des histoires pas possibles. Il faut parfois opérer hélas.
Une fois que l’objet a passé la barrière d’un sphincter, le sphincter se referme, l’objet ne peut plus revenir en arrière, on a l’impression que l’objet est attiré à l’intérieur. Bien tenir l’objet pour éviter ce phénomène « d’aspiration », ou en prévoir un avec une base large qui le retienne à l’extérieur. Les petits plugs en métal ont parfois une base trop petite, ils peuvent aussi être perdus, surtout si on a mis beaucoup de gel.
— Mettre un préservatif aux godes, gode ceinture qu’on utilise.
    Les pratiques de strangulation, d’asphyxie
— Attention à ne pas écraser le larynx.
— Le faire très peu de temps et ne jamais laisser la personne seule
— En cas de malaise, de pâleur extrême et de possible malaise vagal, allonger la personne les jambes en l’air ou en position latérale de sécurité sinon.
— Si on utilise un film alimentaire : bien prévoir de faire un trou sur la bouche bien sûr.
En prévention :
— Demander aux soumis de tenir un objet, s’il tombe cela veut dire qu’il y a perte de connaissance.
— Demander à la personne de simuler une perte de conscience, pour vérifier si l’on peut se débrouiller avec son corps lourd et inerte.
— Ne pas hésiter à suivre des formations de secouriste, pour savoir mettre en PLS et faire un massage cardiaque si on s’attaque à ces jeux extrêmes.
    Les jeux uro
— Si on n’a pas l’intention de boire tout de suite, mettre « le champagne » au frigo, sinon les bactéries se développent très vite, car les urines ne sont pas stériles contrairement aux idées reçues (c’est juste « stérile » dans la vessie, mais plus lorsque qu’elles ont emprunté les voies urinaires basses = le trajet de sortie habituel).
— En cas de pose d’une sonde urétrale, il faut une antiseptie importante. Bien nettoyer le méat urinaire avant l’introduction de la sonde avec de la Bétadine.
    Le sang
— Eviter les « vraies » morsures jusqu’au sang : risques infectieux pour le mordu et le mordeur en fonction du contexte.
— Eviter de s’exposer au sang d’une manière générale : risques d’hépatites, de HIV…
    Le marquage au fer, ou Branding 
Pratique réservée aux spécialistes. Il faut maîtriser la température et le temps d’application, afin d’avoir l’effet escompté et éviter des blessures graves.

    En conclusion, même si le risque zéro n’existe pas, tout est possible avec beaucoup d’attention et de communication avant ! Et que le dominant ou la dominatrice maîtrise la pratique envisagée..
    Merci aux intervenants de m’avoir relue, et corrigée, avant publication !

   

3 commentaires

  1. Profil supprimé a écrit :

    Il y a différents points évoqués dans le compte-rendu sur lesquels je voudrais revenir, pour apporter des précisions ou des critiques. (Je précise que je n’étais pas présent lors du débat).
    Important : je comprends bien que là on est dans un cas de résumé très rapide, donc forcément simplificateur et pas comparable à un article complet présentant toutes les nuances. Le paragraphe d’introduction à lui seul pourrait -aisément- être developpé sur une 50aine de pages…
    Voici donc ci-dessous mes remarques avec les citations de l’article d’origine pour qu’on s’y retrouve :
    > Les pratiques bdsm sont avant tout des jeux consensuels, négociés, sains et sûrs, entre adultes consentants. Avant une séance, bien parler avec son partenaire, instaurer un climat de confiance, prévoir un safeword pour tout arrêter.
    Le problème de ce genre de définition/présentation, est qu’il présente ce qui DEVRAIT se passer, un idéal, et encore, discutable parce que tout le monde n’a pas exactement les mêmes idées/besoins. Et le souci de propager ces notions idéalisées est qu’on présente ainsi le BDSM comme étant « tout le monde sait ce qu’il/elle fait », et « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », ce qui est super dangereux pour les gens qui débutent. Combien de jeunes soumises notamment (une des catégories les + à risque) se sont faites abuser (+ ou – gravement) parce qu’elles ne réalisaient pas que non, tout n’est pas rose dans le BDSM…
    Notez que c’est un pb classique du BDSM : les représentants de clubs/associations (surtout aux USA) notamment ont une tendance à utiliser ce genre de présentation trop optimistes pour se défendre préemptivement contre les critiques, mais nier (ou passer sous silence) les problèmes est un GROS problème en soi. ( C’est pas facile à gérer.
    > des jeux consensuels, négociés, sains et sûrs, entre adultes consentants
    – Consensuels : oui. Y’aurait de quoi discuter sur ce que ça veut VRAIMENT dire (et les implications), mais ici on ne peut entrer dans les détails bien sûr
    – Négociés : dans l’idéal, mais en réalité pas tellement (et c’est un GROS problème)
    – adultes consentants : bon, je pinaille, mais le BDSM n’est pas limité aux adultes, nombreux sont ceux/celles qui ont commencé enfant/ado (avec le copain/copine, la cousine, le fils des voisins, etc.). Mais je comprends qu’on ne veuille pas entrer dans ce genre de débat ici…
    – Sains et sûrs (et consensuel) : ici on parle du fameux SSC. J’ai une dent contre ce terme/slogan (pas les principes sous-jacents). En résumé, je n’aime pas ce type de slogans car ils sont outrancièrement simplificateurs, presque jamais compris correctement et trop souvent brandis comme une sorte de BIDULE mystico-religieux qui se substitue à la réflexion. Je ne suis pas seul à le dire : le gars à l’origine du slogan le disait aussi…
    J’aurais encore beaucoup à dire sur le SSC, pour mieux comprendre ma pensée, je vous engage à lire mon article sur le sujet. C’est le seul article sur internet à présenter les principales philosophie de sécurité avec leurs sources vérifiées (hé oui, la plupart des articles sur ces slogans en discutent, pendant des pages, sans même avoir lu les sources !).
    https://univers-bdsm.info/zones/debutants/comment-bien-debuter-en-bdsm/ssc-rack-prick-ccc-4cs-philosophies-du-bdsm > Avant une séance, bien parler avec son partenaire, instaurer un climat de confiance, prévoir un safeword pour tout arrêter.
    NON : surtout pas de safeword. Je suis absolument catégorique sur ce sujet. Je sais bien qu’on nous vend cette idée de toute part, mais ils/elles ont TORT.
    Utiliser un safeword (hors de quelques situations précises) est DANGEREUX, surtout quand on débute, ça peut provoquer de vrais drames !
    C’est un des plus gros (et un des plus sournoisement dangereux) mythes du BDSM.
    J’insiste lourdement, mais vraiment utiliser un safeword n’a presque jamais de sens (sauf si on fait du CNC/Consensual Non-Consent), et ne doit JAMAIS être recommandé aux gens qui débutent. « NON veut dire NON », « STOP veut dire STOP », point barre.
    Plus de détails dans mon article :
    https://univers-bdsm.info/zones/debutants/mots-darret-safewords-pourquoi-pour-qui-quand-sen-servir Voir aussi :
    https://univers-bdsm.info/zones/debutants/savoir-dire-non > Il existe quatre niveaux de jeu :
    Je pense qu’il est important de préciser que pour des raisons de présentation, on va diviser _arbitrairement_ en 4 catégories. Parce qu’en vrai, ça n’a guère de sens : on est sur une graduation, et personne ne sera d’accord sur qu’est-ce qui est vraiment hard ou soft. Après tout, le fouet peut être soft si on veut et l’eStim à bas niveau procure une sensation plutôt agréable…
    Pour être bien clair : je ne suis pas contre l’idée de diviser en catégories pour faire mieux faire comprendre, juste qu’il ne faut pas présenter ça comme étant une norme acceptée dans le milieu, ni suggérer que les frontières sont très claires.
    > Les bougies
    — Eviter les bougies à la cire d’abeille, elles sont trop chaudes.
    Il n’y a pas que la cire d’abeille qui est trop chaude. La cire ça peut être un vrai piège ! Il existe de nombreuses variétés de cires et une infinité de variations (et de mélanges). Même de la cire à base de paraffine (la cire à bougie standard) peut aller jusqu’à 70°C (avec certains additifs) ! On trouve sur internet des mélanges de cires, pour faire soi-même ses bougies, qui vont de ~50° à plus de 70°C.
    — Tester sur sa peau avant.
    Oui, mais de préférence en suivant les suggestions de mon article (sur les bougies) d’abord ^^
    — Prévoir de l’eau fraiche, des glaçons non loin.
    Attention, piège ! Ici, je présume qu’on parle des brulûres. Les brulûres -légères- se traitent en faisant couler de l’eau fraiche (pas très froide) dessus et surtout pas des glaçons (ça empire le problème)
    Source : https://www.brulure.fr/brulure-thermique/comment-reagir/ > Attention aux bougies rouges, elles peuvent laisser du colorant sur la peau.
    Pas juste les rouges, en fait, toute bougie colorée et/ou parfumée peut :
    – laisser des traces de colorants
    – créer/déclencher une allergie (colorant ou parfum ou autres additifs)
    Voir mon article pour + de détails : https://univers-bdsm.info/zones/sm/bougies-choix-et-usage > L’électro stimulation est plus douce
    Je pense qu’ici il faudrait dire « violet wand » (qui est + douce), parce que quand on parle d’électro stimulation on veut -normalement- parler des boitiers de type eStim, et ça, ça ne picote pas, ça pince et ça peut faire TRES MAL à haut niveau.
    Bon, voilà les points principaux que je voulais aborder Je me répète, mais je comprends bien qu’on ne puisse entrer dans toutes les nuances dans un bref article/compte-rendu.
    Conclusion :
    Une des difficultés quand on parle BDSM (et j’en sais quelque chose avec mon site), c’est qu’il ne faut pas dégoûter/décourager ou effrayer les gens en parlant uniquement des risques, des problèmes ou des techniques à connaître. Après tout, la majorité ne vont jamais faire de choses particulièrement risquées (ou compliquées). Mais, d’un autre côté, on ne veut pas non plus dire qu’il n’y a aucun risque/problème, que tout est rose avec des licornes qui pêtent des arc-en-ciel. Ça rend difficile d’écrire des articles (et encore plus des compte-rendus simplifiés) !

  2. Clarissa a écrit :

    De rien ! La soirée m’avait tellement intéressée, j’ai eu envie de partager mes notes sur mon blog, même si elles sont forcément incomplètes !

  3. SweetThings a écrit :

    Merci pour ces petits trucs…

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