La danseuse, de Patrick Modiano

2024-01-09 13

  Dès que je l’ai vu en rayons, j’en ai eu envie, très envie ! Le nouveau Modiano ! Mais je me suis retenue – faute de place, je m’efforce de n’acheter que des livres de poche. Et on me l’a offert à Noël ! Joie… Je l’ai dégusté lentement, savourant chaque phrase, surprise de le terminer ; déjà !
   Modiano nous offre un récit très court cette fois, sans même le prétexte d’une intrigue vaguement policière comme dans certains de ses autres romans. Il met en scène une danseuse un peu perdue, légère et gracieuse, poursuivie par son passé, et protégée par un drôle d’ange gardien – le tout sous le regard envoûté du narrateur (Modiano lui-même sans doute) qui se souvient de ses pensées et réactions du jeune homme qu’il était à l’époque, il y a plus de 50 ans. Il évoque certaines scène avec acuité, et aussi la lumière, l’atmosphère particulière de ce temps-là…. La danseuse s’incarne, souvenir brouillé au départ, elle prend vie au fil des pages, touchante, délicate, et sensuelle aussi.
   J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir l’écriture claire, précise de l’auteur, pour raconter une histoire floue, décousue (ce contraste entre son style et son récit !), composée de souvenirs qui remontent à la surface peu à peu, selon un procédé cher à l’auteur. Une écriture nostalgique, poétique, onirique, qui nous transporte dans un Paris disparu. L’ancien Paris et le Paris actuel co-existent, se superposent, tant les souvenirs du narrateur sont vifs.
   Je suis prise par le mystère de ces souvenirs épars, des personnages louches, originaux,qui gravitent autour de la danseuse… (Étonnant, le point de vue est le plus souvent celui du narrateur, mais il est parfois omniscient, et on se retrouve dans les pensées de la jeune femme (le truc qu’on nous dit de ne jamais faire quand on écrit ^^ et qui fonctionne à merveille quand c’est Modiano qui transgresse les règles)
   Évidemment, je suis restée sur ma faim, car Modiano est loin de résoudre toutes les questions qu’il soulève, nous laissant même deviner à demi-mots ce qui est en jeu parfois. J’aime son style et son écriture, irrémédiablement, j’aime tous ses livres ! Celui ci, étant plus court, est encore plus elliptique et nébuleux. Il m’a semblé plus optimiste aussi : le personnage souriant de la danseuse, son enfant sage et ses amis dévoués, énigmatiques et bad boys sur les bords.
   Cependant, si vous n’avez jamais lu Modiano, et que vous n’êtes pas encore sous l’emprise du sortilège de son écriture, je recommanderais de commencer plutôt par un autre de ses romans, Dans le café de ma jeunesse perdue, Dimanches d’août, par exemples. Pour ceux et celles qui aiment les écrits teintés de nostalgie, de mélancolie, les souvenirs, la mémoire, les lieux et les ambiances disparues, les mystères en suspens, les secrets et les non-dits…

   Quelques citations
   On a beau faire de son mieux et se croire hors d’atteinte, on n’échappe pas toujours aux fantômes.
   J’y reviendrai en temps voulu. Dans l’immédiat, je voudrais ne pas m’égarer sur des chemins de traverse, mais suivre une route bien droite qui me permettrait d’y voir plus clair. Il faut marcher à pas compté pour déjouer le désordre et les pièges de la mémoire.
   Parfois l’on retrouve dans les rêves la lumière de ce temps-là telle qu’elle était à certains moments précis de la journée.
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   Disponible partout !
   Toutes les librairies, tous les Relay… et aussi en ligne, notamment Amazon (depuis qu’Amazon m’a versé une commission pour me « remercier » de toutes mes chroniques (j’ai failli tomber à la renverse) je lui suis bêtement reconnaissante; tout en gardant les yeux ouverts et privilégiant les librairies – rien n’est jamais tout noir ou tout blanc)

2 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Moi aussi, sauf Un pedigree de mémoire. Merci pour cet éclairage ! et quelle bonne idée de vérifier les rues, les personnages, au fil de l’eau… même si cela doit un peu vous sortir de la « transe de la lecture »

  2. arigondas a écrit :

    Je suis également un fan de Modiano. J’ai lu tous ses livres. S’agissant de la danseuse, je crois que c’est très fortement inspiré de sa mère qui était danseuse. Elle a habité dans ces mêmes endroits et a fréquenté le même atmosphère de ces écoles. Depuis 3 romans, je lis ses livres avec, à côté de moi, mon smartphone pour regarder à quoi correspondent les rues, les personnages évoqués (il y en a plein dans La Danseuse). C’est une autre façon de coller au roman.

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