De l’autre côté du miroir

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Il y a quelques mois, je vous racontais une rencontre sur le net dans Aventure virtuelle
Une amitié s’est nouée, au fil des des échanges, des discussions, des rires … je vais vous dévoiler la suite ! Ecrite à deux mains … (Amis de Facebook, vous savez tout déjà 😉
Encore une fois, tout est fantasme et fantaisy …. enfin presque 😉

Sophie 4

ELLE

Avant la rencontre…

Il écrit de merveilleuses histoires, belles, émouvantes, drôles, terrifiantes… Excitantes…

Il transforme tout ce qu’il touche en magie.

Photographe de talent, il travaille ses photos jusqu’à ce quelles exercent sur nous une incompréhensible fascination …. Des paysages maléfiques et grandioses, des maisons hantées, de mystérieux personnages, des instants saisis. ..

Il réalise des animations touchantes, désuètes, mélancoliques ou amusantes…

Ses dessins dégagent plein d’émotions et paraissent doués d’une vie propre.

Il fabrique les bijoux les plus romantiques et les plus sombres.

Il éparpille ses œuvres sur tous les sites et réseaux sociaux et je le cherche partout !

Nous partageons tant de goûts en commun : les jeux de rôles, le chant, la curiosité et la gourmandise.. pour tous les plaisirs…

Fin psychologue, il trouve toujours les mots qui font du bien. Il aime faire plaisir, dédicacer un poème, une photo…

Ses talents me font rêver : il connaît les secrets de la valse, des massages, des tours de magie… Il cuisine comme un chef, et me donne l’eau à la bouche avec ses menus préparés au quotidien.

Son humour me fait rire aux éclats !

Il aime le cinéma kitsch, le cinéma ancien, toutes sortes de films et de séries oubliées…

Dès qu’il s’intéresse à un sujet, il devient expert en la matière et imbattable sur toutes les questions le concernant.

C’est un super papa !

Les femmes succombent au pouvoir de ses mots, se pâment en lisant ses poèmes passionnés, ses histoires torrides, deviennent folles de lui et le harcèlent, cherchant toujours plus d’attentions .. Elles finissent par le perdre …

Nous bavardons à battons rompus sur Facebook depuis des mois. J’avance à pas de loups ! Je ne veux pas finir aux oubliettes ! Bloquée, supprimée…

Je lui ai tout donné, mon identité, des photos, mes coordonnées. Il m’a ouvert son cœur lui aussi et s’est confié. Sa confiance est un précieux cadeau.

J’ai envie de voir des films avec lui, de goûter sa cuisine, de retrouver mon âme d’enfant devant ses tours de magie et ses jeux….

j’ai envie d’essayer ses bijoux, de contempler ses dessins « en vrai », de tester son huile de massage chaude sur ma peau ….

J’ai envie de le connaître depuis si longtemps…

Et cet après midi je dois le rencontrer !

Rencontre (fantasmée et réalisée…)

    Je sors de chez moi en courant presque et me dépêche. Je suis surprise par le soleil d’hiver, j’hésite à faire demi-tour pour prendre mes lunettes de soleil, mais je ne veux pas être en retard, tant pis, je préfère poursuivre ma route.

    Après des semaines d’hésitations et d’affectueuse insistance, il a accepté de me rencontrer et maintenant je regrette presque, tant j’ai le trac ! Tout est si facile à l’écrit … je peux jouer les femmes fatales, les grandes séductrices, les femmes de lettres, les décadentes, les coquines, les jeunes filles en fleurs, les femmes blasées … j’endosse tous les rôles, je projette toutes les images. Il me compare parfois à une fée, surtout quand je déconnecte brusquement, rappelée à la raison par l’heure tardive. Et il va découvrir une espèce de souris à lunettes qui cligne des yeux sous le soleil, timide et complexée, ne sachant quoi faire de ses mains.

    Je suis en avance et patiente en regardant les vitrines sans les voir, sans parvenir à m’y intéresser. Il se présente enfin, haute silhouette toute de noir vêtue, les pans de son manteau noir flottant autour de lui, et mon cœur s’accélère, tout se met à bourdonner autour de moi. Je me sens brouillonne et éperdue, je me raccroche à sa présence, j’essaie d’agir normalement, de résister, de ne pas me laisser ensorceler si vite, de ne pas perdre tous mes moyens. Je m’efforce d’aligner deux mots à la suite, jusqu’au café salvateur où nous avons prévu de nous installer.

    Il est venu en courant, craignant d’être en retard lui aussi. Je suis touchée, rassurée, je devine la même timidité que la mienne, la même crainte de gêner et de faire du mal, aussi minime soit-il. Mon apréhension s’envole, en partie. Je me sens proche de lui, je le découvre humain, après tous ces échanges avec le mystérieux Dormeur.

    Sa voix est chaude, un peu rocailleuse et envoûtante, ses yeux à demi cachés par ses lunettes de soleil (lui y a pensé!), me regardent avec amusement et affection, son sourire craquant me va droit au cœur. Imperceptiblement, je me rapproche de lui, de sa chaleur, de son énergie, attirée par son rayonnement comme un papillon de nuit.

    Il fait si beau et si doux, il m’entraîne dans un jardin. Nous respirons à grands traits un air parisien vif et presque pur, lavé par le vent. La vue des vastes pelouses vertes est apaisante pour nos yeux. Il me raconte des histoires, Paris autrefois, ce qui se trouve trouve là, juste sous nos pieds, un Paris mystérieux et oublié, aux mille légendes. C’est un merveilleux conteur. Il m’entraîne avec lui dans les bas fonds du Paris médiéval. Tout le décor parisien moderne s’évanouit et disparaît dans les brumes pour être remplacé par une cours des miracles, odorante et sonore. Sa voix me porte et me transporte, m’emmène loin, dans un autre temps. Je reconnais bien un maître de jeux de rôles.

    Sans le réaliser vraiment, nous nous asseyons sur un banc. Le soleil joue dans les arbres et projette des ombres sur le sol. Son œil de photographe imagine aussitôt les photos et les montages qu’il pourrait créer. Il me fait remarquer telle façade couverte de lierre, tel lampadaire typiquement parisien. Autant d’objets anodins, invisibles au commun des mortels, bientôt glorifiés, transformés, porteurs de messages et d’histoires dans ses futurs clichés, pour notre plus grand plaisir !

    De temps en temps, les bruits du square me parviennent, de très loin, assourdis :cris d’enfants, chants d’oiseaux … Il me raconte des histoires et me tient sous son charme … Il me parle de textes que je n’ai pas encore lus, de dessins que je n’ai pas encore vus…. j’essaie de tout mémoriser, de les noter dans un coin de ma tête afin de les chercher dés mon retour. Une fois de plus, je regrette qu’il n’ait pas tout réuni et classé en un seul lieu, un seul site, nous obligeant à le chercher et fouiller sur la toile, parmi les lointaines archives de multiples forums. Il aime être partout, insaisissable, et disponible pourtant. Il ne veut pas être catalogué, étiqueté. Il ne veut pas de liens, de chaînes, avec un éditeur, ou qui que ce soit. Il veut être libre de créer.

    Il veut rester le sombre et inquiétant Dormeur du Vol, si séducteur, mais il est aussi ce lutin aux multiples formes, qui s’amuse, nous fait rire de ses farces et ses blagues. Je le comprends parfaitement, ô combien ! Je partage le même désir d’indépendance et de liberté moi aussi.

    Il est venu avec plein de choses pour moi. Son dessin que j’aime tant. Je suis trop heureuse de revoir ce nu, le vrai dessin, l’original ! Il est paré de couleurs bien plus vives que celles transformées par l’ordinateur, je perçois la finesse du tracé, les multiples coups de crayons peu visibles, atténués sur internet, les couleurs qui s’emmêlent dans la chevelure… … La précision et la beauté de son travail me fascinent. J’évite de le regarder trop longtemps où j’aurais du mal à lutter contre l’envie de l’avoir. Je le laisse le remettre dans sa pochette avant que ce ne soit trop douloureux.

   Il m’offre un cadeau qu’il n’offre qu’à ses amis, et moi je reste sans voix, touchée, et je serre contre mon cœur son cadeau. Trop émue de faire partie de ses amis, de n’être plus seulement la groupie, l’admiratrice, je me jette à son cou et l’embrasse. Je voudrais ne plus m’arrêter, dévorer de baisers son cou offert, ses joues. Je sens sa bonne odeur d’homme au passage, je l’embrasse une dernière fois et me reprends juste à temps, à grand peine. Son amitié m’est plus précieuse que tout. Je ne peux quand même pas tout oublier à ce point et le manger de baisers au mépris des enfants qui jouent non loin, et de sa propre volonté !

   Il sourit de mon empressement maladroit. Moi qui suis venue les mains vides, je me sens très mal, toute confuse, je ne peux que l’embrasser à nouveau et serrer fort sa main, vaguement impressionnée par l’anneau noir qu’il porte au doigt. Le Dormeur du Vol n’est pas loin…

    Les projets fourmillent en lui, il ne lui manque que du temps. Projets d’écriture, créations diverses, réalisation de sites … J’aimerais tellement l’aider, être associée d’une façon ou d’une autre ! Même si c’est pour faire le café ou les photocopies :-).

    Nous parlons de nos amis du réseau, les anciens, les actuels, leurs soucis, leurs histoires… j’ai envie de connaître tous ses amis. Il me fait rire aux éclats en me racontant certaines rencontres, en me présentant ses autres personnages comiques, en pointant du doigt les faux vampires et les poètes de pacotille. Il me passionne en me parlant des muses qui l’ont inspiré, l’ont enchanté (surtout maîtriser cette pointe de jalousie qui menace ! Et la transformer en attirance et amour … j’ai envie de rencontrer toutes ces femmes qui l’ont adoré. Nous ne pouvons que nous entendre ! ). Certaines, se sont éloignées, lui manquent, que ce soit sa faute, la leur, ou juste la vie… Il me parle aussi de ses amis pour toujours et je sens qu’ils ferait tout pour eux.

    Il est si bon, profondément généreux, toujours recherchant le bonheur de ses amis, il passe un temps infini à les réconforter, les aimer. Son rêve devient le mien à peine énoncé : fonder une grande maison accueillante où chacun se sentirait heureux et épanoui… J’imagine un château où des artistes réaliseraient leurs créations, d’immenses bibliothèques réunissant tous les livres, une vaste cuisine aux délicieuses senteurs….. Je prépare déjà ma valise mentalement. Il serait un parfait maître de cérémonie.

    Il brille de mille feux, m’éblouis et m’étourdis. Je ne m’appartiens plus, je ne sais plus ce que je fais, mon corps a pris le pouvoir et se rapproche toujours plus près de lui, ma main s’avance a la rencontre de la sienne. Je manque presque de le faire tomber du banc à force de me pelotonner contre lui.

    Je tombe sans fin vers lui, au ralenti. Il n’y a plus de temps. Je ne vois pas le soleil descendre à l’horizon, je ne sens pas la fraîcheur du soir qui monte. Il est le premier à se reprendre, nous ramenant brusquement à la réalité « Il commence à faire froid non « ? Je m’extrais à regrets de l’étrange torpeur où ses récits m’ont plongée.

    De nouveau, le parc bruisse de mille bruits, je quitte un monde imaginaire et féerique pour revenir de plein pied dans un quotidien à trois dimensions, gris et froid, et c’est douloureux, mon esprit résiste avant de se résigner. Nos obligations nous rappellent. Si nous étions jeunes, sans soucis ni responsabilités, ce serait bon de ne pas se quitter, de trouver un lieu où nous réchauffer et bavarder la nuit entière..

    Il est tard et je frisonne, il m’a fait prendre conscience de la fraîcheur de l’air. Quel heure peut-il être ? Une légère angoisse m’étreint, j’ai tellement perdu toute notion du temps. Un coup d’œil sur l’heure me rassure, mais je ne dois plus traîner. Nous avons oublié de prendre un café, oublié la visite envisagée, nous nous sommes posés sur le premier banc pour ne plus le quitter. Nous sommes restés là, des heures, goûtant le plaisir d’être ensemble, de bavarder, de se découvrir ..

    Nous devions faire tant de choses encore, évoquer encore tant de sujets et de projets…

    Par quel sortilège ces trois heures n’ont elles duré qu’un instant ! A peine le temps de s’apprivoiser, de nous rapprocher, d’échanger quelques histoires !

    Un dernier baiser, et le Dormeur s’évapore, redevient fantôme après s’être incarné pour moi. J’ai très froid, je me sens très seule tout à coup dans ce métro qui m’emporte loin de lui. Je le cherche sur les sites et forums depuis mon téléphone, me retiens de lui écrire. Je sais déjà que ces rencontres virtuelles ne me combleront plus.

    J’ai envie de le revoir.

Clarissa

LeDormeur

LUI

    Je vais donner ma version de cette rencontre où le nain de Stanislas lui même nous invita au bal, et où, sous les clématites odorantes les licornes rousses hennissaient à la lune…

    Elle pourrait s’appeler Camille, ou Madeleine, aux aventures écrites par une comtesse. Elle a les yeux grand ouverts sur le monde comme une Alice moderne où plus personne n’ose suivre des lapins. Elle a un peu d’Irlande dans les cheveux. On la verrait prendre le darjeeling dans un salon Victorien. Elle pourrait incarner Wendy, suivant Peter vers la deuxième étoile à gauche, puis tout droit jusqu’au matin.

    Elle est femme, elle est fan, elle regarde, elle touche, elle hume, elle s’imprègne, j’aime ça. On la sent très instinctive, un peu animale, comme moi. Elle prend tout ce qu’elle peut de la vie. Je suis très bavard, elle aime écouter, mais elle aime aussi rebondir, poser des questions. La moindre anecdote la fait voyager, les mots se transforment en chevaux fous qui la font partir loin. C’est agréable, c’est valorisant, on sent la passion, l’amour, l’écoute, et le partage. Il y a eu aussi des moments drôles, des moments excitants aussi…

    C’est une femme d’aujourd’hui, douce, bien élevée, ouverte au monde, avec une soif de découvertes, une femme qui s’assume, intelligente, qui est aussi une mère, une amie, une confidente. Et j’aime ça.

    Le temps a juste fondu sous nos doigts, comme la neige au soleil d’une chaude amitié. Les ombres des arbres se sont faite âmes de damnés, rasant la terre, venant lécher nos pieds. Elle osa un baiser dans ma barbe de prisonnier, laissant un peu du goût de ses lèvres sur ma joue… Et le temps a repris son vol….

 Le Dormeur Du Vol 

La photo du Dormeur dansant dans les rayons lumineux du soleil est de lui aussi, être d’ombres et de lumières …

Ma photo est prise par un ami, retouchée par Le Dormeur

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3 commentaires

  1. Patrice a écrit :

    Après deux lectures, que dire… ? Empreinte de la beauté : celle du texte, celle, intérieure, de vous-même, de ce que vous êtes, de ce que vous ressentez, de ce que vous exprimez avec spontanéité, sensibilité, générosité ; fascination, émotion (dans son sens littéraire) ; étreinte du coeur au rappel du temps, au retour de la réalité morne, morose ; élan de compréhension dans la reconnaissance d’affinités existantes, de compassion… Beauté de l’amitié, de son intensité ! Emerveillement dans l’admiration d’une telle rencontre ! Echo profond, résonances apaisantes pour une personne en quête de ce rare bonheur.
    Oui, ma, notre gratitude pour ce partage et sa traduction avec une telle écriture )

  2. Erik-e a écrit :

    Chère Clarissa,
    J’avais aussi deja eu le plaisir de lire ce double récit d’une rencontre…
    Lors de ce passage « de l’autre côté du miroir », le temps semble s’arrêter pour laisser toute la place aux sensations, aux ressentis… Bien qu’au final le temps se soit cruellement imposé, rappelant les contingences bien réelles… Mais il reste au fond de l’être l’espérance d’une prochaine excursion hors du temps Soyez une nouvelle fois remerciée pour tout ce que vous nous apportez !

  3. juju051 a écrit :

    Bonjour, je vous avais lue sur FB.
    Enchanteur ce texte. Non, ces textes. Difficile d’en dire plus. J’avais ressenti la même émotion en vous lisant il y a quelques jours. Je vous envoie un petit message pour une possible rectification

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