Jour de marché au village, répartition des tâches :
L’homme s’occupe des fromages, des fruits et légumes, des charcuteries, du pain de campagne, etc.
Moi je furète du côté des robes d’été, des bijoux fantaisie, des pierres magiques, tout un tas de trucs pour les touristes de passage.
Je pile sur un stand d’antiquités, à mon affaire, j’aime bien les objets anciens. Je croise les yeux du brocanteur, et je marque un temps : les plus beaux yeux verts que je n’ai jamais vus de ma vie, d’un vert couleur de printemps, étincelants sur son visage bronzé ! Le brocanteur me sourit, il me retient sur son stand, et je me laisse faire bien volontiers. Il me demande si j’ai des choses anciennes à vendre ? Pas vraiment, mais j’écoute avec plaisir son discours sur l’argenterie, la vaisselle, les bijoux anciens, leur devenir entre ses mains… pour le plaisir de regarder ses yeux, deux émeraudes expressives ! Il me tend sa carte, dois-je y voir un signe ^^, et me demande :
– Vous venez d’où ?
– Paris !
– Tiens, justement je dois y aller la semaine prochaine…
Est-ce une perche tendue ? L’espace d’une seconde, je me vois partager un café avec lui dans Paris, l’écouter disserter sur ses trouvailles et son expertise, tout en me noyant dans le lagon Tahitien de ses yeux. Mais finalement, je ne relève pas, les crushs de vacances ne doivent pas quitter leur terroir, au risque de perdre tout leur charme, et d’ailleurs l’homme en a fini avec les fromages au lait cru et les légumes du coin, il me fait signe au loin !
Je repars avec un souvenir, une petite montre pendentif en argent. Une montre à jamais arrêtée, le brocanteur m’a prévenue. Son mécanisme s’est enrayé, et c’est toute sa poésie : investie d’une mission autrefois, aujourd’hui inutile ! Un objet à la retraite, échoué sur le stand d’un marché au fin fond de la Normandie, à côté d’objets tout aussi inutiles et souvent touchants : gourmettes, médailles, anciens francs, porte-monnaie en argent, petites boîtes…
Las, je n’ai pas pu photographier ces yeux verts, il aurait trouvé ça bizarre, mais j’ai photographié ma montre !



2 commentaires
Une montre arrêtée donne l’heure juste deux fois par jour, a-t-on coutume de dire !
C’est déjà ça ! 😉
J’ai tripoté le remontoir, le tic-tac est reparti un instant, et puis son coeur s’est arrêté, pour toujours cette fois. 11h40 et 23h40 pour l’éternité 🙂