Taxis et Ubers

Il y a Les soirées, et il y a aussi Le retour de soirées, à l’aube, dans un état de fatigue plus ou moins avancé… Les taxis, les chauffeurs Uber me tendent les bras et me ramènent à la maison, merci à eux !
On ne se refait pas, je n’ai pas pu s’empêcher de noter quelques petites anecdotes, comme ça, pour le plaisir. Je les rassemble ici en attendant le recueil ^^

Vendredi 17 février 2024
Je ne quitte pas trop tard des Caves St Sabin pour une fois. La nuit est agréablement fraîche, juste ce qu’il faut, j’ai encore plein d’énergie, et je décide de rentrer à pieds. Cela me fera un peu de sport, après avoir agréablement piétinné et dansé sur de la musique goth – je pourrais toujours commander un Uber ou attraper un taxi au vol si je fatigue.
35 minutes plus tard, j’arrive chez moi ! Environ le temps que j’aurais mis en taxi ou Uber, le temps de le chercher, etc… Il était temps que je teste le trajet à pieds, après près de 10 ans de fêtes dans ces caves bien aimées ! (quand je pense à toutes ces fois où j’ai attendu des Uber en vain sous la pluie ^^ et à tous ces taxis qui ont grimacé quand j’annonçais mon adresse, trop proche pour les intéresser)
Samedi 4 février 2024
A peine ai-je commandé un Uber, qu’il est déjà là, devant moi. S’ensuit une séance de dragouille d’anthologie, sur fond de superstitions pseudo-magiques, déclammées avec un enthousiasme presque communicatif.
– C’est un signe ! C’est le destin ! J’étais là devant vous, et vous aviez besoin de moi ! Vous croyez aux signes ? On se prend un café ? On ne peut pas se quitter comme ça…
J’ai bientôt droit à son 06 :
– Appelez-moi où que vous soyez, j’acours ! »
Je me demande si tout son baratin n’avait pas ce seul but : tenter de se passer de la plateforme Uber ^^
Dimanche 1 janvier 2024
Cet Uber qui me choisit à l’issue de La Monarch du réveillon ! Il me sauve, moi et deux jeunes filles claquant des dents depuis près d’une demi-heure devant la sortie. Bien au chaud à bord, on lui voue une reconnaissance éternelle, on l’aurait embrassé ! Ambiance de fête dans la voiture, avec ces jeunes filles rieuses et délurées. J’aurais bien aimé qu’il accepte la proposition d’une des jeunes filles : prendre un café tous ensemble, pour fêter ce drôle de début d’année ! Mais je suis soulagée qu’il renonce aussi, pressée de gagner mon lit.

   Samedi 9 décembre 2023

Je quitte la soirée trop tôt pour prendre le premier métro, je m’apprête à galérer un peu sous le crachin breton de la nuit parisienne : commander un Uber, ou rejoindre la station de taxi près de l’opéra Bastille, that is the question.
J’en étais là de mes atermoiements, quand soudain, un taxi libre passe devant moi au ralenti. Je l’arrête d’un geste, comme dans les films, remerciant mon ange gardien (en silence, car un ami s’est joint à moi).
Je devine un taxi bavard et sympa, mais je suis plongée dans une discussion avec cet ami : le débriefing de la soirée qui vient de se dérouler. On arrive déjà, je remercie le chauffeur.
— Votre visage me dit quelque chose… Clarisse, c’est ça ?
— Clarissa ! Vous avez une très bonne mémoire…
— Je vous ai prise un soir devant la Coupole, vous sortiez d’une soirée costumée années 20…
— Une excellente mémoire même !
Je suis soufflée, je me souviens très bien de lui moi aussi, il m’avait même donné son numéro « au cas où vous auriez besoin de moi ! » L’idée d’un taxi sillonnant Paris la nuit et volant à mon secours m’avait séduite, et puis je n’y avais plus pensé.

   Sans date, début 2023 peut-être

Cette fois, j’ai commandé un Uber. Il arrive, chaleureux, convivial, il se la joue « copain »… ça me va, je suis d’humeur très joyeuse après une excellente soirée et je joue le jeu. Il me propose de monter devant, sur le siège passager. Je suis sa dernière cliente, il m’a choisie car on n’habite pas loin l’un de l’autre, il était en train de rentrer chez lui. D’accord ! Je m’installe à l’avant, c’est bizarre, mais pas désagréable.
On discute de tout et de rien. Très vite, il me raconte qu’il est coach sportif en plus d’être chauffeur : il propose des entraînements sur mesure.
— Si vous voulez, je pourrais vous proposer un entraînement adapté, pour le plaisir, vous ne me devrez rien, comme on n’habite pas loin… Vous faites du sport ?
— Heu, non, pas du tout !
— Vous avez l’air assez tonique pourtant…
Et joignant le geste au compliment, il m’empoigne vivement la cuisse, pour vérifier la fermeté de mes muscles sûrement.
Je bondis et glapis sous l’assaut et rabat vivement ma jupe sur mes jambes. Elle s’était relevée à mi-cuisses sans que je m’en rende compte, il a peut-être interprété cela comme une invitation ?
Je tiens à rentrer chez moi sans détour inutile, je me contente de le remettre à sa place de façon voilée.
— Je n’aime pas être touchée par surprise, trop chatouilleuse ! Merci pour la proposition, mais je manque de temps…
Un léger froid s’installe, mais je suis déposée à bon port sans encombres, et je me promets de ne plus jamais monter à l’avant d’un taxi ou d’un Uber, car je crois que cela vaut consentement à tout ^^

   25 octobre 2021

Le week-end dernier, je sors d’une soirée dans un état second, et je m’affale avec reconnaissance dans le taxi, mon tapis volant qui va me ramener chez moi. Le chauffeur est d’humeur bavarde :
— Je préfère travailler la nuit, ça roule mieux, et les clients sont plus rigolos… Tiens une fois, une cliente m’a demandé si elle pouvait se faire un rail de coke, et ensuite elle m’a proposé qu’on s’envoie en l’air sur la banquette arrière !
Il se retourne un instant vers moi pour juger de son petit effet.
Il ne se doute pas que j’en ai vu d’autres… ce qui m’épate le plus c’est le rail de coke ! Et mon amour des mots considère l’expression « s’envoyer en l’air » rêveusement… Vu que je ne réagis pas plus que ça, il relance la conversation.
— C’était bien votre soirée ? C’était quel genre de soirée…
— Une soirée dansante…
— Vous savez qu’il existe des soirées échangistes ?
Nouveau coup d’œil vers moi, je reste de marbre. On est presque arrivés, il abat ses dernières cartes :
— Il n’est pas si tard, on peut s’envoyer en l’air chez moi si vous voulez ?
— Merci, mais je préfère rentrer…
— Ou dans la voiture, c’est un fantasme de beaucoup de femmes, ça ! (ton plein d’espoir)
Je ne peux m’empêcher de rire ; j’ai ma tête de fin de soirée, je comate, je ne pense qu’à mon lit… il doit vraiment essayer avec la terre entière ^^
— Je suis flattée, mais non, merci, je descends !
— Vous voulez mon numéro ?
Je suis déjà partie…
Je n’ai pas le fantasme du taxi. C’eut été un camion de pompiers en revanche, avec un pompier en tenue…

   Il y a des siècles, je me suis attardée longtemps dans une ville de province. J’ai bien mon permis de conduire, chèrement acquis d’ailleurs, mais en bonne parisienne je n’ai jamais conduit ou presque !
Je me débrouille dans cette lointaine province avec les bus (rares et lents) et les taxis (cette impression de vivre comme une millionnaire !) Tiens, bonne surprise, le hasard fait bien les choses, c’est souvent le même taxi qui se présente quand j’en commande un. De fil en aiguille nous devenons amis, moi qui ne connais personne dans cette ville et lui, bizarrement solitaire, un peu étrange et poète. Il m’avoue qu’il reconnait ma voix à la radio et s’empresse d’accepter la course. Le plus souvent, il ne travaille même pas, car il préfére rouler la nuit, mais il allume toujours la radio au cas où, pour voler à mon secours. Je reste sans voix, bizarrement flattée, avant de le remercier. Vaguement inquiète aussi, et si c’était un psychopathe ? Son sourire balaye mes craintes.
— Maintenant, ce sera toujours cadeau pour vous ! Enfin, si je suis libre hein, et si un collègue ne vous choisit pas avant… j’ai beau être rapide, parfois je suis grillé. Tenez, voilà mon numéro de portable, ce sera plus simple, appelez-moi quand vous avez besoin d’être emmenée quelque part, ce sera avec plaisir !
Nous ne nous quittons plus, il me fait découvrir de bons restos, des lieux à visiter dans les environs… On bavarde des heures, il me raconte ses aventures avec les clientes (j’aurais dû prendre des notes), mais il n’a jamais rien tenté avec moi, il disait qu’il aimait bien ma compagnie, parler, et ça m’allait très bien comme ça. C’était bon d’avoir un ami, taxi de surcroît, je l’ai bien regretté quand j’ai dû partir !

Il y a eu aussi ce chauffeur Uber qui écrivait des textos en même  temps qu’il conduisait (ce stress), celui qui se disputait en arabe  et à tue-tête au téléphone, avec son interlocuteur tout aussi énervé au haut-parleur, et ce pendant tout le voyage, cet autre qui écoutait un match de foot avec des commentateurs en apnée et au bord de la crise cardiaque, celui qui croquait dans son kebab odorant, et tous ceux qui écoutent de la musique qui ne me plaît pas (jazz sinistre, rap agressif, latino enjoué….), et ah aussi ceux qui veulent parler politique ^^ (spoil : avant c’était mieux, tout est de pire en pire)

– Photo : Taxi driver

2 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Merci ! Excellent film, je suis flattée de la comparaison !

  2. Boutdhomme a écrit :

    Très chouettes ces petites anecdotes a la ‘after hours’ !

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