Pulsions nocturnes

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    Les émois adolescentes font toujours couler beaucoup d’encre ! Un ami m’a envoyé ce récit, touchant, cruel, criant de vérité…
    (Photo extraite du film « Les beaux gosses » – 2009)
   

***

    C’était dans les années 70, dans une classe de troisième d’un CES (on ne disait pas encore collège). Cédric était bon élève, très bon élève même, certains profs allant jusqu’à accorder 20,5/20 à ses copies. Mais à chaque fois qu’il était mieux noté que Patricia, des nœuds se formaient dans son ventre : considérant qu’il lui avait volé la première place, elle allait user de sa grande influence pour lui faire payer l’affront par plusieurs jours de railleries.
    C’est qu’elle connaissait bien ses points faibles : il suffisait qu’une fille, par exemple Cindy avec sa grosse poitrine, ouvre un bouton de son chemisier, ou qu’un garçon fasse la moindre allusion un peu grivoise et il serait aussi rouge qu’une pivoine, attirant l’attention du prof.
    Dans la cour, cela se poursuivrait par de multiples moqueries sur sa timidité. Et continuerait sur sa tenue vestimentaire : ses pulls, écharpes et chaussettes en grosse laine maronnasse tricotés par maman, ses pantalons en velours côtelés élimés, hérités de ses grands frères et rapiécés aux genoux (dans sa famille, on ne porte pas de jean !). Le plus humiliant, c’était que Valérie, la fille la plus belle et la plus vive de la classe, qu’il admirait tant en secret, ne serait pas la dernière à participer à ces propos dégradants. Parfois, il finirait même allongé par terre, bousculé par les uns et les autres, d’autant plus facilement que, par principe, il ne répliquait jamais.

    À qui s’en plaindrait-il ? Les délégués de classe ? C’étaient Patricia et lui. Les profs ? Passer pour une balance n’arrangerait rien. Ses parents ? Ils étaient si fiers de leur graine de polytechnicien à qui tout réussissait… Ses frères et sœurs ? Eux aussi le jalousaient, tellement « sa chance » paraissait injuste. Ses amis (dont aucun ne fréquentait ce CES) ? Pour ternir son image de joyeux drille ?

    Alors, il cloisonnait les différents temps de sa vie, cherchant à oublier les rudes heures de classe.
    Mais le soir, dans un demi-sommeil, Patricia, Cindy et Valérie revenaient. Toujours plus belles. Patricia devenait sa complice, riant avec lui et dégustant les subtilités des devoirs imposés, Cindy l’encourageait à regarder ses atouts féminins et Valérie venait se blottir contre lui.
    Longtemps, ces rêveries en étaient restées là, son esprit s’interdisant d’aller plus loin, puisque c’était « mal ».
    Jusqu’au jour où son inconscient trouva un subterfuge : le décor s’effaçait, ne laissant que du blanc. Les trois filles revenaient, le mettaient à terre, l’une bloquant ses épaules, la deuxième ses jambes, tandis que la troisième se déshabillait lentement avant de venir s’empaler sur son sexe tout dur… Ce n’était pas de sa faute puisqu’elles « le forçaient »…
    Sa main trouvait alors toute seule le chemin vers son bas-ventre, s’emparait de son membre tendu comme jamais, coulissait de haut en bas et de bas en haut, tournoyait autour de son gland jusqu’à expulser sa semence… Alors, enfin, l’endomorphine produite lui permettait un sommeil plus profond.
    Lorsqu’il se réveillait au petit matin la même scène se répétait, les filles alternant pour venir sur lui, provoquant le même résultat. Et il en fut ainsi chaque nuit, des mois durant.

    Tout ceci resta secret, enfoui au plus profond de lui. Sa mère ne fit jamais aucune allusion aux traces blanchâtres sur son pyjama et ses draps.

    Erik Torrent

Le bachelier

3 commentaires

  1. Erik Torrent a écrit :

    Merci juju !

  2. juju051 a écrit :

    criant de vérité

  3. Erik Torrent a écrit :

    Merci ma chère Clarissa de bien vouloir publier ce premier texte d’un ami qui se lance pour la première fois dans la grande aventure de l’écriture bien que sa plume soit bien moins leste que la vôtre… C’est un très grand honneur que vous lui faites !

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