L’Homme-chien de Christophe Bier et Clarence Etienne

L’Homme-chien, de Christophe Bier illustré par Clarence Etienne, vient de paraître à La Musardine

J’ai eu le plaisir de le dévorer !

Ce roman est composé de deux histoires : Les confessions d’un toutou, suivies des Confessions d’une toiletteuse.

Le premier volet est raconté par Maxime. Acteur en galère, il se rend à un entretien de recrutement mené tambour battant par une directrice de casting. S’il n’a aucun doute sur le côté sulfureux du rôle qu’il devra jouer auprès de particuliers pendant une année (vue la teneur de l’entrevue avec sa recruteuse), son rôle exact reste un mystère. Attiré par le cachet (et acculé), il signe.
Il découvre rapidement qu’il devra se conduire exactement comme un chien : marcher à quatre pattes, aboyer, lécher, manger dans une gamelle… Il sera même toiletté comme une chienne ! Il deviendra aussi le jouet de ces dames à l’imagination sans limites, offert lors de séances d’anthologie devant un public choisi.
Maxime trouve sa vocation, il se complait sous le joug de ses femmes sans pitié, sadiques, le forçant à des pratiques abjectes, humiliantes, dans lesquelles il se vautre avec reconnaissance et délectation ; ça coule, ça jaillit, ça déborde !

Le deuxième volet est raconté cette fois par Lydie Cébétet – la « partie adverse ».
Maxime n’a pas oublié son année en chien malgré une vie désormais rangée. Il retourne un beau jour voir l’assistante de sa toiletteuse de l’époque. Très vite, il ne pense qu’à embrasser à nouveau la carrière de « chien », et se vouer corps et âme à sa maîtresse. C’est bientôt chose faite, lors d’une réunion d’anthologie pour régler les détails de son divorce ! Il abdique sa liberté, se remet entre les mains de Lydie, toiletteuse à l’imagination sadique et débordante. Séances bucoliques à la campagne, séances plaisantes chez le véto… rien n’est épargné au pauvre Maxime, rebaptisé Prof (en souvenir de son ancienne profession).
Un nouveau personnage entre en scène, Despair, et un cap est franchi dans l’érotisme délirant et extrême ! Despair, auteur érotique de la Musardine, venu écrire « en situation » pour le compte de Lydie, se retrouve à son corps défendant embrigadé lui aussi ! S’il n’est pas ouvertement consentant au départ pour se laisser embarquer (euphémisme), il se laisse faire avec une certaine complaisance, et se débat mollement, consentant au fond (mais tout au fond alors !)
C’est l’occasion d’une mise en abyme jubilatoire, puisque l’auteur censé relater les incroyables aventures de Prof, l’homme-chien, se retrouve mis en condition lui aussi, histoire d’améliorer sa plume, et satisfaire les plaisirs hors normes de ces dames – Lydie la toiletteuse, son assistante qui n’est pas en reste, et la talentueuse veto adepte des transformations corporelles (excellent personnage !).

Les choses vont loin, très loin ! J’ouvre de grands yeux au fil de ma lecture et je frémis : l’auteur ne va pas oser quand même ? Si ! L’auteur ose tout, les tabous sont joyeusement brisés, et il réussit même à outrepasser mes limites, pourtant fort lointaines – mais on lui pardonne tout, car il s’agit clairement d’une œuvre fantasmatique, fantasmagorique, onirique (peut-être même fantastique) qui n’a aucune vocation à rester crédible (donc tout est permis, même l’impensable ! Je sens que j’aiguise votre curiosité ^^). Un récit qui se situe dans une réalité qui n’existe que dans l’imagination débridée de l’auteur, et maintenant dans ce livre – et dans ma tête aussi, je ne sais pas si je dois remercier l’auteur, car certaines scènes, de véritables morceaux de bravoure, me hantent encore ! Avec souvent une touche de nature en fête, un cadre campagnard innocent, qui offre un décalage comique, et accentue encore le côté outré et hors-normes des scènes de domination sexuelle.

(Quand je pense à toutes les précautions que je prends dans mes histoires pour bien montrer le consentement de mes personnages, mettre des préservatifs à tous les garçons… Alors que l’on peut aussi galoper en toute liberté sur des terres érotiques inventées, à partir du moment où l’on écrit dans un univers purement fantasmé ! – je l’ai fait parfois, mais en transposant mes histoires dans des récits mythologiques)

Un livre érotique truculent, extrême, et no limit, à ne pas mettre en toutes les mains, mais si bien écrites qu’on le dévore ! Âmes sensibles et estomacs délicats s’abstenir (il faut être à l’aise avec nos fluides de toutes sortes), car rien n’est épargné aux pauvres toutous ! Le tout si bien écrit que « ça passe crème »…
– On peut même parler de livre pornographique à ce stade, mais écrit avec un tel talent qu’il s’avale d’une traite – parfois avec gourmandise, parfois en serrant les dents et en haletant un peu, à l’instar de ces pauvres bêtes martyrisées (pour leur plus grand plaisir – souvent bien enfoui sous des couches d’humiliation et de douleurs variées ^^)
Une ode au pet play, mais cette fois, on ne se contente pas des jeux de baballes, des léchouilles, des caresses, du chahut joyeux des « puppys » que je croise en soirées.

Clarence Étienne illustre magnifiquement l’histoire, avec beaucoup d’humour, et une touche d’impertinence. Chacun de ses dessins est un véritable tableau bdsm ! Je les ai longuement regardés, en particulier ceux illustrant les scènes à plusieurs, admirant mille détails excitants. J’étais tiraillée entre l’envie d’ouvrir mon livre en grand pour mieux les voir, et l’inquiétude de tout bon fétichiste des livres de « casser la reliure » ! S’ils sont exposés un jour, j’irai les admirer avec plaisir.

La présentation de l’éditeur

Maxime, jeune comédien au chômage, décroche un rôle qui lui assurera un an complet de travail : chien de compagnie pour une productrice autoritaire. Contre toute attente, il éprouve un plaisir pervers aux aboiements, réclame sa laisse, gémit sous la cravache et subit les pires abjections. Ces douze mois d’animalisation extrême laisseront des traces durables. Vingt ans après, marié et père de famille, la nostalgie de la laisse le saisit. Il reprend du service pour une nuit. L’aventure n’est-elle pas plus sérieuse ? Maxime renoncera-t-il à sa vie rangée pour se livrer à un nouveau dressage, qui promet de pousser sa chiennerie à un degré insoupçonné ?
Raconté par l’homme-chien puis par son impitoyable dresseuse, cette confession ménage une surprise de taille pour le lectorat des « Aphrodisiaques » : l’intervention de Sabine Fournier ! Passionnée par cette histoire, elle constatera de visu le vieil adage : la vérité dépasse toujours la fiction !

Empereur des « mauvais genres », Christophe Bier raconte sa passion pour les romans fétichistes de l’entre-deux-guerres dans L’Obsession du Matto Grosso, prix Sade spécial 2022. Il en ressuscite même une extravagante maison, la Select-Bibliothèque, pour laquelle il écrit de nouveaux titres, tel Fleurs de mâles, signé Léon Despair, son pseudo utilisé pour des romans Media 1000. Ses fictions se distinguent par leur outrance, l’animalisation et les modifications corporelles, au service d’un femdom cruel.

Pour vous le procurer :

La Musardine

[EDIT] : une rencontre-dédicace est annoncée le 13 novembre à La Musardine !

2 commentaires

  1. Michel/Hermès a écrit :

    C’est vraiment tentant, non pas l’expérience, quoi que … mais la découverte d’un univers tres particulier.
    En plus, contrairement aux relations avec un véritable animal qui ne serait pas éthique et que je réprouve, il y a consentement sans aucun doute.
    Bref, de quoi émoustiller les babines !

    1. a écrit :

      Dans ce roman, qui se veut complètement fantasmatique, fantasmagorique, le consentement n’est pas toujours présent – voilà qui nous change des lectures habituelles, bien plus dans « l’air du temps », aseptisées… (que j’aime aussi). Là j’ai reçu une claque ! (et c’était bon 😉 je suis une maso pour ce qui est des émotions fortes ! )

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