Le début de l’histoire est vrai, j’ai bien trouvé un nouveau galet peint… la suite est inventée !
– Pour l’instant ^^ je ne désespère pas d’être contactée d’un jour à l’autre !
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Chap. 1 – Le jeu commence
La ville entière est devenue un terrain de jeu, la France entière même, avec la mode de ces galets peints que l’on dépose, plus ou moins cachés, sur un rebord de fenêtre, le long d’un trottoir, sur un muret… Le phénomène « Love on the rocks », sorte d’immense chasse aux trésors, bat son plein sur le terrain et sur les réseaux sociaux où sont partagées les photos des galets cachés et trouvés.
Je me suis prise au jeu en trouvant mon premier galet, et depuis, tel le petit poucet, je suis à l’affut de ces cailloux colorés. J’en ai trouvé un deuxième récemment, toute contente de ce cadeau de la rue !
Ils ornent tous les deux mon bureau, je les contemple rêveusement en inventant des histoires. Je ne peux me résoudre à les cacher à mon tour, je me trouve de bonnes raisons de les garder : ils semblent avoir été peints pour moi ! Le premier que j’ai déniché est décoré de tentacules (je ne cache pas mon goût pour les pieuvres), et le nouveau représente des poissons nageant dans une rivière. Ou peut-être dans la mer, mais j’aime bien me dire que nous étions faits pour nous rencontrer ! En plus, ça se voit mal sur la photo, mais l’eau est pailletée.
Je culpabilise quand même un chouïa, je ne devrais pas les garder… Je ne suis pas partageuse, je ne joue pas le jeu, mais c’est plus fort que moi ; mon côté collectionneuse s’est réveillé !
Le galet aux poissons dispose d’informations au dos, le nom d’un groupe Facebook. Je m’empresse d’y partager sa photo, en avouant que je vais avoir du mal à le relâcher dans la nature tant il me plaît !
Peu de temps après, je reçois un message d’un inconnu sur Messenger, un certain Thibault – il a de la chance que je regarde mes spams de temps en temps !
— Bonjour Clarissa, c’est moi qui ai déposé le galet aux poissons ! Vous devez l’abandonner, le confier au hasard, passer le relais… c’est le jeu !
— Je le trouve trop joli, j’aimerais bien le garder…
— Si vous le libérez, je vous promets d’en peindre un rien que pour vous, et de le cacher à votre intention.
— Oh c’est trop gentil, mais si je ne le trouve pas, ou si quelqu’un le trouve avant moi ?
— Je vous donnerai des indices…
Un jeu de piste ! Je retrouve mon âme d’enfant, je souris jusqu’aux oreilles même s’il ne peut pas me voir. Je lui envoie des emoji souriants.
—Ne me remerciez pas trop vite, il y aura des épreuves pour obtenir ces indices… j’ai parcouru votre blog, je pense pouvoir vous fixer des défis à votre goût !
Je m’alarme soudain ; que va-t-il s’imaginer !
— Heu, sur mon blog, ce sont surtout des histoires inventées…
— Et de vraies soirées aussi… avec de belles séances de domination et de soumission…
— Oui, mais c’est moi qui mène le jeu ! m’empressè-je de préciser.
— Pas toujours il me semble… Alors, voulez-vous jouer avec moi ?
Je clique sur son profil pour vérifier à qui j’ai affaire, mais c’est visiblement un profil créé spécialement pour l’occasion, pour préserver son anonymat. Il est presque vide, aucune photo. Je n’ose en réclamer, ça fait trop « site de rencontres ». J’ai envie de lui laisser les rênes, de voir où il veut m’emmener, d’avoir des surprises…
Je ne résiste pas à la tentation ; ma curiosité me perdra !
— Oui…
— Parfait. Je vous recontacte dès que votre galet est prêt. De votre côté, vous allez cacher le galet aux poissons et poster à nouveau sa photo dans le groupe Facebook, d’accord ?
— D’accord.
Je soupire, déjà triste de m’en séparer. Ma tristesse s’envole comme par magie devant son nouveau message, j’ouvre de grands yeux avant d’éclater de rire.
— Vous allez le déposer à proximité d’un lieu érotique : boutique de sextoys, de lingerie, club libertin, sauna… je vous laisse le choix ! Et quand vous prendrez la photo du galet « en situation », vous vous arrangerez pour qu’on devine où vous êtes grâce à l’arrière-plan… enfin les connaisseurs en tout cas !
Le jeu a commencé. Je ressens une étrange excitation à l’idée de lui obéir ! Je sais déjà où je vais le mettre ! J’ose une boutade :
— C’est une première épreuve ?
— Oh non, mes épreuves seront autrement plus corsées ! C’est un prérequis disons ! Une mise en jambes…
Impatiente d’en savoir plus, je ne tergiverse pas plus longtemps. Je m’empare de mon galet bleu et le dépose sur le rebord de la vitrine de la librairie La Musardine ; peut-on rêver lieu plus érotique ! Chaque livre nous offre un univers sensuel à lui tout seul, et la librairie en contient des centaines, où toutes les pratiques sont abordées, du bdsm le plus extrême, à l’amour tantra le plus doux. (Cerise sur le gâteau : ce n’est pas loin…)
Je prends une photo du galet, veillant à ce que l’on distingue derrière lui des bandes dessinées osées, des livres aux titres provocants – un peu flous hélas, mais ça devrait aller, mission accomplie je pense ! Je la poste sur le groupe Facebook à l’intention de Thibault, et me tient prête à tout pour la suite.
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L’histoire est inventée dès le message de l’inconnu, mais la librairie La Musardine existe bel et bien :
Adresse : 122 rue du chemin vert, 75011 Paris
métro Père Lachaise
Par contre, je ne sais pas s’il existe un rebord le long de la vitrine, il faudra que je vérifie la prochaine fois que j’y passe !
2 commentaires
Merci Balthazar Sombre ! J’aime ces échos, ces ricochets et ces coïncidences entre nous
Une idée géniale qui croise un écho, ricochet de l’histoire d’une plume qui glisse d’une idée en l’air, lu et parcourue jusqu’à le rue du chemin vert où naguère se tenait une clinique qui vit mon jour naître aujourd’hui écho de ce que sais vouloir être, publié un jour je l’espère dans cette même rue où je pourrais renaitre.