Interview de meshistoiresporno.com

   Je recopie ici mon interview parue sur meshistoiresporno.com :

Clarissa Rivière n’est probablement pas votre vrai nom. Pour quelle raison avez-vous choisi un pseudonyme – et pourquoi celui-là ?
J’ai choisi d’écrire sous pseudonyme, pour raconter toutes les « bêtises » que je voulais, sans me soucier des réactions de ma famille ou d’amis. J’ai gagné en liberté ! (Mais maintenant, j’ai des amis qui ne me connaissent que sous mon pseudo, et Clarissa a plutôt une image « romantique » – enfin je crois – alors que parfois je voudrais écrire des récits bien plus sombres…)

J’ai choisi un prénom évoquant la clarté, la lumière, les actrices X avec sa terminaison en « a »… en hommage aussi au grand maître de la nouvelle, Stefan Zweig. Pour mon nom de famille, je voulais évoquer l’eau, l’humidité, la moiteur, l’écoulement… Mais finalement, toutes ces raisons me sont apparues ensuite ; sur le moment, j’étais surtout pressée de me trouver un nom en trois minutes pour démarrer ma vie d’auteur : un blog, une adresse mail, un profil Facebook et Twitter, et c’est parti.

La pornographie est votre genre de prédilection, mais écrivez-vous dans d’autres genres ?

J’écris essentiellement des nouvelles érotiques, c’est ce qui m’amuse le plus ! Les possibilités sont infinies : les situations, les personnages, les emmêlements, les dénouements, les ambiances, douces ou pimentées… et l’on peut rajouter une pointe de fantastique, de science-fiction, combiner les genres, de façon plus ou moins marquée. Par exemple, j’aime bien écrire des nouvelles historiques.

Un livre érotique se distingue de tous les autres, car il agit sur notre corps, il fait naître notre désir, nous donne envie de faire l’amour ; parfois, nous devons nous faire plaisir avant de poursuivre notre lecture. C’est le seul genre qui agit aussi concrètement, même s’il existe des livres qui s’adressent à nos émotions, nous font peur, rire, pleurer… les livres érotiques vont encore un cran plus loin et nous poussent à l’action.

Et qu’est-ce qui vous plaît dans l’érotisme ?

J’écris des textes érotiques car j’ai plein de fantasmes, plein d’envies qui tournent dans mes pensées, les coucher par écrit me soulage, me permet d’extirper de mes pensées ces fantasmes dérangeants qui m’obsèdent en permanence…
Non, j’ai dit ça pour rire ! ?
J’écris des nouvelles érotiques pour le plaisir avant tout, celui de mes lecteurs j’espère, pour m’amuser, provoquer, distraire, émoustiller, donner du désir, et parfois, je suis prise à mon propre piège, c’est moi qui éprouve plein de désir et peine à aller au bout de mon histoire.  ?
Vous écrivez plutôt des nouvelles, je crois ? Combien de temps cela vous prend-il d’en terminer une ?

C’est très variable. J’écris en effet essentiellement des nouvelles, peut-être quatre à cinq par an ? Il y a des années fastes, et des années paresseuses…
Ecrire une nouvelle peut me prendre trois heures, ou des jours, voire des semaines. Parfois l’inspiration est là, et même l’état de grâce, ma plume court toute seule sur le papier (enfin, mes doigts sur le clavier plutôt), j’écris sans m’arrêter et mon premier jet est le bon. C’est rare ! Souvent, je prends plus de temps, je corrige, modifie, rature, reprends… ce travail itératif de correction peut être long, et même fastidieux sur la fin !
Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont se déroule votre travail d’écrivain ?

Je suis loin d’écrire à plein temps ! Je n’écris que pour le plaisir… Je n’ai pas de journée-type, je peux passer une journée entière devant l’ordinateur, me plonger dans l’écriture au point d’oublier de déjeuner… je peux aussi passer des jours sans écrire une ligne, trop occupée par ma vie extérieure. C’est une histoire d’amour avec l’écriture : passion, addiction, excès, et puis je rejette tout en bloc, les bras perclus de tendinites à force de taper sur le clavier, et je ne pense plus qu’à sortir.

Je n’ai donc pas de rituels, encore moins de superstitions, j’écris chez moi, dans des cafés, partout… J’ai toujours sur moi un carnet et un stylo bic quatre couleurs, et bien sûr mon téléphone qui accueille beaucoup de notes lui aussi.

Préférez-vous mettre en scène un personnage principal féminin ou masculin ?

J’aime bien les deux, cela m’amuse de me mettre dans la peau d’un homme, d’imaginer ses pensées, la force de ses désirs, que j’imagine encore plus impérieux que ceux d’une femme… mais je choisis plus souvent le point de vue féminin il me semble.

Quels sont vos thèmes préférés ?

J’aime les histoires d’initiation, avec des jeunes filles, rires. J’aime les commencements, décrire la façon dont les choses débutent, basculent, la force du désir, qui bouscule les obstacles de la bienséance, les contraintes…
J’aime aussi les rencontres entre inconnus, les coups de foudre qui durent un instant, les trains, les maisons closes, et les repas de famille ?.
Avez-vous des limites ?

Je me censure sur l’âge de mes personnages. J’aimerais bien camper des héroïnes de seize ans parfois dans les récits d’initialisation, mais finalement, je les vieillis de deux ans. J’évite aussi les pratiques extrêmes, mais plus par goût que par auto-censure.

Je n’aime pas écrire des histoires trop dark, violentes, ou tristes. Même dans mes histoires bdsm, il y a toujours de l’amour. Je trouve que c’est une littérature qui doit rester pleine de joie de vivre.

D’où viennent toutes vos idées ?
Souvent, je puise dans ma vie personnelle pour le début de mes histoires ; mes fantasmes, mon imagination me dictent la suite. Je suis inspirée aussi par des anecdotes, des photos, des dessins… et sûrement les livres que j’ai lus, inconsciemment ou non, pas obligatoirement dans le domaine érotique. Par exemple, avec Julie Derussy, nous avons écrit une nouvelle érotique inspirée d’Au bonheur des dames.

Pouvez-vous expliquer à vos lecteurs quels sont vos secrets d’une scène de cul réussie ?
J’aime bien quand les choses dérapent peu à peu, se corsent progressivement… j’aime décrire la montée du désir, jusqu’au point de non-retour, raconter la façon dont mes personnages perdent la tête, oublient tout, ne pensent qu’à s’étreindre… Je préfère ne pas utiliser de mots trop crus, ou précis, quitte à risquer des métaphores… J’évoque souvent les parfums, les goûts ; les cinq sens sont à l’œuvre… Je ne pense pas avoir de « trucs » en particulier, j’aime quand les choses coulent de source, s’enchainent naturellement… Je reprends souvent des « clichés » : elle, faussement pudique ; lui, viril mais très épris ?

Et les autres scènes ? Sont-elles aussi plaisantes à écrire ?

Les scènes osées s’écrivent toutes seules, une fois que je suis lancée… souvent, je rédige d’abord toutes mes scènes érotiques, et ensuite je dois « enrubanner » le tout, écrire le contexte, décrire le décor, c’est un peu moins distrayant…

Faites-vous lire vos manuscrits à des lecteurs privilégiés, avant de l’envoyer à votre éditeur ?
Oui, deux ou trois amis, auteurs eux aussi, me relisent, car il y a toujours des maladresses et des coquilles qui nous échappent. Je les corrige aussi, avec sévérité !

Qui donc ?

Par exemple, Julie Derussy, Julie-Anne de Sée, Louise Laëdec, Zakya Gnaoui, Erik Torrent. Je ne les sollicite pas tous à chaque fois, de crainte de lasser !

Certains auteurs ont des rapports très complices avec leur public. En faites-vous partie ?

Je reçois des mails, ou des messages sur Facebook, Twitter… ça me fait toujours plaisir ! J’y réponds, oui, je suis loin d’être submergée, ma notoriété est très modeste, rires. Je signe à l’occasion des dédicaces, lors des soirées organisées à la librairie La Musardine par exemple, mais en douce, je n’ai encore jamais eu de stand pour moi toute seule, sans doute parce que je n’écris que des nouvelles, je n’ai jamais écrit de roman. J’ai quelques lecteurs fidèles, devenus des amis au fil du temps, leur avis compte beaucoup !

Quel livre conseilleriez-vous de lire en premier, pour découvrir votre univers ?
Les yeux bandés, paru aux Editions L’ivre-Book, quatre nouvelles qui donnent un échantillon de mon style, du plus soft au plus épicé, sur mon fantasme préféré : l’inconnu !
Il y a aussi les nouvelles publiées dans les recueils Osez 20 histoires, des Editions La Musardine, je les ai toutes concoctées avec soin et amour, rires. S’il faut choisir, je recommanderais celles parues dans Osez 20 histoires de soumission sexuelle, et Osez 20 histoires de sexe torride par exemples.

Et quel est le livre que vous avez écrit que vous préférez ?
J’ai du mal à choisir, je dirais les livres qui correspondent aussi à des histoires d’amitié, car elles ont été écrites à deux, et je me souviens du stress, de la joie, d’écrire en duo : Les mystères du Chabanais, et autres nouvelles de la Belle Epoque, écrit avec Vagant, paru aux Editions Dominique Leroy, Au frisson des jupons, écrit avec Julie Derussy, aux Editions du 38.
Ma nouvelle préférée, c’est celle parue dans Osez 20 histoires érotiques dans un train, car c’est la première qui a été publiée.
J’aime bien aussi Liens d’amitié, aux Editions L’ivre-Book, une histoire qui mêle amitié, amour, et bdsm. Bon, comme d’habitude, j’ai dû mal à choisir !

Et parmi les autres auteurs ?
Sans hésitation, Histoire d’O, c’est le premier livre érotique que j’ai lu, un peu trop jeune sans doute, et je me souviens du choc, de la souffrance, un véritable coup de fouet, rires. Les tourments endurés par l’héroïne, la beauté du style… ce livre m’a transportée. J’aime beaucoup aussi le style d’Anaïs Ninn. Parmi les auteurs actuels que j’aime lire, j’ai envie de citer Emma Cavalier, Octavie Delvaux, Eva Delambre, Anne Bert, Julie Derussy, parmi beaucoup d’autres.
Travaillez-vous sur des textes en ce moment ? Avez-vous des sorties prévues ?
L’actualité est brûlante puisque Osez 20 histoires de plans à trois est publié le 21 septembre aux Editions La Musardine (ou vient d’être publié le 21 septembre dernier), et j’y signe une nouvelle ?
Je travaille sinon sur plusieurs projets en parallèle – il faudrait faire des choix pour avancer ! -, j’ai envie d’évoquer deux recueils de nouvelles érotiques, l’un historique, l’autre plutôt SF ; et les auteurs. J’aime rompre la solitude de l’écrivain, c’est excitant et motivant de mener des projets à plusieurs ! Même s’ils sont généralement plus longs à aboutir…
Je suis aussi en train d’écrire le troisième volet de mon histoire bdsm Liens d’amitié, j’ai eu de chouettes retours de lecteurs, ils m’ont donné envie de torturer à nouveau mes personnages, avec amour et délicatesse.
Merci chère Clarissa !
Et quant à vous, chers lecteurs, je vous invite à lire Osez vingt histoires de plans à trois (https://blog.meshistoiresporno.com/produit/osez-20-histoires-de-plans-a-trois/). Vous pouvez aussi la suivre sur son blog : https://www.clarissariviere.com/

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