Fringale

  AntonSurkov1
   Des amis me réclament la suite de mes (mes)aventures avec mon boulanger, c’est flatteur, et votre intérêt me touche ! 😉
   Mais les choses n’avançant pas aussi vite qu’espéré (doux euphémisme), je me réfugie dans mes fantasmes, bien plus flamboyants que la banalité du réel… (mais sait-on jamais !)

***

   Je viens de prendre ma baguette, je m’apprête à lui dire au revoir, et peut-être même « à demain ! », si j’ose…
   — Attendez ! Aujourd’hui, je ferme 1h plus tôt ! Je sais que c’est le confinement, on n’est pas censés faire ce genre de choses, mais j’ai envie de vous proposer un café, dans mon arrière-boutique. Juste pour bavarder un peu, ça fait des semaines que je n’ai pas adressé la parole à âme qui vive, à part « qu’est-ce que vous aimeriez ? Bien cuite ou pas trop ? Ce sera tout ? »
    Il me fait rire ! Je ris surtout de joie, une joie un peu anxieuse. J’ai la bouche sèche, le trac, je devrais refuser, je n’ai rien à lui dire, je n’en veux qu’à son corps. Je m’entends bafouiller.
   — Heu, oui, merci, pourquoi pas !
   — Ce n’est pas très bien rangé, je préfère vous prévenir !
   Mon cœur bat à cent à l’heure, je peux juste secouer la tête. S’il savait ! Le désordre, ça m’est complètement égal !
   Il baisse les rideaux de ses vitrines, ferme la porte d’entrée à clef ; nous sommes plongés dans la pénombre. Je le suis dans la pièce attenante, elle sent bon le pain chaud et les croissants, il règne une douce chaleur, le four n’a pas fini de refroidir. La table, le sol, les plans de travail, sont recouverts d’une fine poudre blanche. De la neige légère s’est déposée partout, elle reste en suspension dans l’air et donne un aspect irréel, brumeux, à la pièce.
   Je me désintéresse du décor, il vient de retirer son tee-shirt, exhibant un torse parfait. Je tâche de garder la tête froide, et un air naturel… peine perdue ! Il explique :
   — Il fait toujours très chaud ici, à cause du four. Plutôt qu’un café, je ferais mieux de vous proposer un coca !
   — D’accord ! Je préfère, merci…
   J’ai enfin réussi à prononcer un son intelligible. J’ai chaud moi aussi, je presse la canette glacée contre mes joues, espérant les empêcher de rougir. Je tente une diversion, pour briser le silence qui menace de s’installer, un silence dangereux, mes mains vont finir par « prendre la parole », et palper son poitrail !
   — Alors, c’est ici que vous faites le pain ?
   — Je le cuis seulement, la pâte est préparée ailleurs, on a plusieurs boulangeries dans le quartier. Je saupoudre les baguettes d’un peu de farine, j’en mets toujours partout, sur mes mains, dans mes cheveux, elle se glisse sous mes vêtements…. Et puis j’enfourne le tout !
   Je regarde ses mains fixement, elles doivent être douces, polies par la farine, jour après jour… Je n’arrive plus à me concentrer sur son bavardage, il continue tout seul :
   — Je sais, ce n’est pas bien, c’est inconscient de vous proposer un café, on n’est pas censés faire ce genre de trucs en ce moment, mais je n’ai pas pu m’en empêcher, ce confinement me rend fou… un café en plus, où ai-je la tête, il fait si chaud…
 
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   Par jeu, pour dédramatiser, balayer ses doutes peut-être, il dépose un peu de farine blanche sur ma joue. C’était bien la peine d’avoir mis du rose ce matin ! Il trace sur mon visage des dessins, je ne vois pas ce qu’il fait, mais je dois commencer à ressembler à une Sioux sur le sentier de la guerre ! J’attrape sa main au vol, et lèche le bout de son doigt couvert de farine. Goût subtil de poussière de blé qui fond sur ma langue…
   Je viens de sonner la fin de la récré, nous quittons le monde des jeux taquins pour basculer vers autre chose, des jeux plus sensuels. Ses mains reviennent sur mes joues, glissent vers mon cou, jusqu’à mon décolleté. Des mains douces, laissant dans leur sillage des traînées de poudre blanche. La farine glisse sur ma peau lisse, une caresse infiniment douce, légèrement abrasive. Ses mains quittent ma peau le temps de me déshabiller, avant de me saisir par la taille.
   Il me soulève et m’assoit sur le rebord de la table. Il ouvre délicatement mes jambes, se colle à moi et m’embrasse longuement sur la bouche, me mordille avec gourmandise, s’appuyant de plus en plus sur moi, jusqu’à ce que je m’étende sur la table. Il se couche de tout son long sur moi, m’embrasse à nouveau. Toute ma volonté est anéantie, je ne suis plus que désirs. Il se relève au bout d’un moment, et entreprends de se déshabiller à son tour. Je ne vais pas réussir à résister et m’en tenir à de chastes baisers ! Je retrouve assez de présence d’esprit pour lui demander s’il a un préservatif. Il n’en a pas, ce n’était pas prémédité, on fera juste des câlins, promis, il sait se tenir ! Mais je suis dévorée de désir, je ne vais pas pouvoir m’arrêter là moi, impossible…
   Toute honte bue, je lui dis de fouiller dans mon sac, il doit y avoir des préservatifs qui traînent au fond, gagnés lors du dernier atelier d’écriture auquel j’ai participé, juste avant le confinement. Je me félicite de ne pas avoir pris la peine de les enlever ! C’est chouette d’être bordélique, parfois. Il ne pose aucune question, je crois qu’il me désire fort lui aussi.
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   Je ne peux m’empêcher de regarder du coin de l’œil sa belle érection pendant qu’il enfile le préservatif. Je m’abandonne, m’ouvre, heureuse de sentir son sexe se faufiler dans le mien, aller et venir doucement ; cela fait si longtemps ! Il m’aime avec passion, énergie, comme si c’était la dernière fois, sans un mot, juste son souffle dans mon oreille, un souffle qui s’accélère. Il me semble qu’il s’efforce de ralentir ses élans, s’applique à ne pas jouir peut-être ; et le mouvement lancinant de son bas ventre contre le mien me caresse, m’excite. Mon plaisir monte, monte, jusqu’à un point de non-retour, explose et se diffuse dans tout mon corps. Mon boulanger ne résiste plus, il s’emballe, soulève des nuages de poussière blanche, il jouit en grognant de plaisir et je le serre fort contre moi.
   — Je t’inviterais bien chez moi, pour un vrai café cette fois, mais ce n’est peut-être pas raisonnable, avec ce confinement… On se revoit demain, pour la baguette traditionnelle ?
   — A demain, oui… avec plaisir !

   Photographies : Anton Surkov, qui a réalisé de magnifiques photos de danse contemporaine avec des nuages de farine, qui dansent eux aussi

10 commentaires

  1. Albin a écrit :

    Je ne regarderai plus la biukangere de la même façon. Si seulement elle m’invitait à boire un café😉

  2. Clarissa a écrit :

    Merci beaucoup pour vos compliments ! Je ne connais pas ce site, je vous conseille sinon Wyylde, le site de rencontres référence en la matière… Amusez-vous bien ! (enfin, quand le confinement sera fini ^^)

  3. Clarissa a écrit :

    Merci Oui, un métier gourmand, tactile… où l’on sent bon le pain chaud !

    1. Clarissa a écrit :

      Ce n’est que le fruit de mon imagination, pour l’instant Oui, j’ai eu un coup de cœur pour ces photos de danse contemporaine !

    2. Pastellle a écrit :

      J’en avais fait quelques unes aussi, j’avais trop envie d’essayer ça : http://www.lumieresdelombre.com/archives/2018/04/27/36356483.html

      1. Clarissa a écrit :

        Oh elle sont magnifiques ! J’adore !! J’aime celles où le nuage de farine forme comme un tutu autour de la danseuse… et le mouvement des chevelures, avec la farine qui vole et tourbillonne… une pluie de farine… Extraordinaires photos !

        1. Clarissa a écrit :

          Oui !! Cette partie là est vraie en plus, j’ai encore des « souvenirs » des Ecrits polissons qui traînent au fond de mon sac

  4. Pastellle a écrit :

    PS : Et vive les ateliers d’écriture !

  5. Pastellle a écrit :

    Ce n’est pas bien raisonnable. Mais c’est si bon… Les photos sont superbes.

  6. Latexandre a écrit :

    Alors là je dis OUI ! sensuelle à souhaits .. je vais peut-être faire boulanger moi

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