Enfer et damnation – Chap.12 La curée

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   La punition commencée dans le chapitre précédent bat son plein…
   Valentin vient de s’étendre sur la croix posée sur le sol.

   Chapitre 12 – La curée (Clarissa et Crimson)
  Luciférine prit des cordes suspendues au mur et entreprit de nouer fermement les poignets et les chevilles de Valentin au bois de la croix, en serrant un peu plus que nécessaire. Il lui adressa un regard empli de dévotion. Elle le remercia d’une gifle retentissante, pas de ça ici ! Devant les autres en plus… elle tenait à sa réputation ! Elle ne voulait que des regards terrifiés, à la hauteur de ce qu’il subissait.
  Valentin fut bientôt ligoté et entravé. Luciférine remarqua son sexe à demi dressé et s’emporta. Une érection n’avait rien à faire là ! Et puis, il lui fallait punir ce débauché par où il avait péché… Elle glissa les mains vers son entrejambe et se mit à caresser son sexe. Malgré la douleur et les humiliations, cette caresse suffit apparemment à réveiller le désir du jeune homme, son sexe s’érigea fièrement vers le ciel. Luciférine se releva de toute sa taille et l’embrassa, s’efforçant de retrouver les gestes tendres d’une autre vie, pour mieux le tromper. Sa bouche se posa dans son cou, descendit le long de son torse, son ventre… enfin, elle se mit à genoux devant le membre tendu d’envie.
  —  Tu sais ce qu’il va se passer, maintenant ? susurra-t-elle, mielleuse.
  —  Oh oui, je vous en supplie, j’en ai trop envie ! répliqua-t-il, fou de désir, n’osant croire à une fellation.
  Éclatant de rire, elle se saisit d’une dernière corde et fabriqua une cage de chasteté de son cru en ficelant le membre. Il se retrouva bientôt enfermé et comprimé dans cette cage de cordes. Elle s’amusa à le taquiner de ses doigts, riant de le sentir durcir et souffrir de l’entrave.
  Elle riait toujours – dire qu’il y avait cru ! Comme si elle était là pour lui donner du plaisir ! Avait-il oublié où il se trouvait ? Pour faire bonne mesure, elle enroula une dernière cordelette autour des testicules, les serrant l’une contre l’autre le plus fort possible. Valentin gémissait de frustration en continu.
  Luciférine décida de faire une pause. Après tout, elle avait convié la fine fleur des enfers au spectacle, il était normal qu’ils aient le droit de participer un peu.
  — Il est à vous, proposa-t-elle à l’assemblée. Faites-en ce qu’il vous plaira jusqu’à ce que je revienne, tant qu’il reste en un seul morceau, j’ai besoin de lui en entier pour la suite du programme.
  La suite du programme ? À ces mots, Valentin frémit. Comment, tout ça ne lui suffisait pas, elle ne l’avait donc pas fait assez souffrir ?

  Tous foncèrent sur le malheureux et s’en donnèrent à cœur joie. Ils le griffaient, le pinçaient, d’autres encore le fouettaient, le piquaient de leurs fourches… Valentin perdit la notion du temps, le compte des coups. Ceux qui ne pouvaient accéder à sa peau faute de place lui lançaient des objets à la tête, heurtant parfois par mégarde un confrère. Des bagarres éclatèrent.
  Luciférine revint bientôt et tous se figèrent. Elle chassa d’un geste de la main les démons qui s’étaient acharnés sur son pêcheur. Ils reculèrent en grognant. Valentin fut rassuré de la revoir, elle ne l’avait pas oublié ! Il préférait que ce soit elle qui le tourmente, plutôt que des démons inconnus, quoiqu’elle lui réserve pour la suite. Sa punition avait un sens si c’était elle qui la lui infligeait. Il lui offrait sa souffrance, pour le plaisir de ses yeux jaunes, espérant obtenir sa rédemption. Elle était tout pour lui depuis qu’il était arrivé en enfer. Il avait enduré les maltraitances des autres uniquement parce qu’elle l’avait ordonné.
  Luciférine vérifia si Valentin était d’attaque pour la suite, et sourit, satisfaite. Son protégé affichait une forme insolente ! À peine deux ou trois égratignures et lacérations.
  Elle siffla des assistants afin qu’ils installent la croix à la verticale et la fixent au sol. Elle s’approcha d’eux pour leur murmurer la suite du programme. Ils hochèrent la tête avec des rires vicieux. Valentin tendait l’oreille en vain, sur le grill. Il était toujours encordé et attaché à la croix, il sentait son poids tirer sur ses poignets, cela devenait inconfortable. Ah, voilà qu’on apportait un support pour ses pieds ! Il déchanta rapidement. Ce qu’il avait pris pour un support se révélait un épieu en bois de belle taille, évoquant un phallus géant. Les démons le positionnèrent entre les fesses de Valentin, et poussèrent avec des han de bucheron. Valentin tenta de protester – l’engin se frayait un chemin dans un endroit sensible.
   — Allons, tu ne faisais pas autant de manières dans la salle de luxure, le taquina Luciférine avec un sourire sadique. As-tu oublié ce qui s’y est passé ?
  Elle avait toujours aimé regarder les hommes se faire pénétrer, et se délectait à l’avance du spectacle. Elle adressa un signe aux démons.
   — Allez-y plus fort !
  Les démons s’arque-boutèrent, et le pieu s’enfonça dans l’anus de Valentin qui gémissait à pierre fendre, de plaisir ou de douleur, ce n’était pas très clair. Au bout de quelques centimètres, Luciférine interrompit la procédure.
  — Ça suffit maintenant, ordonna-t-elle aux démons.
  Valentin, croyant sa libération proche, esquissa un sourire plein d’espoir. Mais ce n’était qu’une pause avant la poussée finale, dûment réclamée par la foule en délire. Les démons se remirent à pousser le pieu dans le derrière de Valentin, il y disparut entièrement, comme aspiré.

  Le spectacle était irrésistible : cet homme transpercé, pris de spasmes, son sexe enserré qui gouttait inutilement sur le sol… Luciférine fut prise d’un fou rire devant cette vision grotesque. Elle reprit son sérieux, la fête n’étant pas encore terminée.
  Elle s’agenouilla devant le condamné, mais son regard n’annonçait aucune rémission. Se saisissant d’un couteau, elle s’approcha des pieds bleuis par le manque de circulation et commença à y faire danser la lame. Valentin frémit, irait-elle jusqu’au sang ? Mais elle se contenta de jouer de son couteau pour couper les cordes et le délivrer peu à peu, veillant à le griffer de sa lame effilée, et en insistant bien sur son sexe.
   Elle trancha les liens d’un geste vif, elle manquait de patience pour tout dénouer, et avait hâte de procéder à la suite de son programme. Voilà, il ne restait plus que les bras ! Elle sembla grandir encore, et coupa les dernières cordes.
  Valentin s’écroula dans ses bras, en s’empalant de plus belle sur le phallus de bois au passage.
  — Mais redresse-toi, enfin ! Du nerf que diable… Je vais devoir t’attacher à nouveau, mais quelle chiffe molle.
  Luciférine le plaqua contre la croix, tira ses bras en arrière, et les noua au poteau. Voilà, ça devrait suffire. Elle se pourlécha les babines d’avance – elle adorait jouer avec le feu ! Elle retira avec un certain sadisme l’olisbo de bois, le faisant bien tourner dans le fondement meurtri. Il ne faudrait pas que ce bel objet délicatement ouvragé pâtisse du feu.
  Elle demanda à ses assistants de disposer de la paille, du petit bois, au pied de la croix et d’y mettre le feu. Ils s’exécutèrent servilement avec des courbettes et des sourires insolents. Luciférine se retint de les souffleter, elle devait se concentrer sur Valentin, et ne pas se laisser distraire et exciter par ces démons jaloux de basse extraction.
   Les bûches fumaient énormément, Valentin toussait sans répit, tandis que les démons s’enivraient de cet air enfumé. Finalement, une bonne flambée s’épanouit, crépitante et odorante, des flammes vivantes et joyeuses, nourries de nouvelles bûches en continu. Bientôt, les flammes menaçaient de lécher les pieds de Valentin, il dansait sur place pour les éviter. Les démons riaient à gorge déployée de sa danse ridicule, et se laissèrent entraîner. Ils se tinrent par la main et se mirent à danser autour de la croix en flammes, de plus en plus vite, une danse infernale ajoutant à l’horreur de la scène.

  Le clou du spectacle approchait. La foule était chauffée à blanc, une clameur s’élevait, tous scandaient son nom « Luciférine, Luciférine ! » en tourbillonnant autour de la croix enflammée. Même Luxious, qui ne goûtait pas ces excès habituellement, semblait conquis et sur le point de se joindre à la danse. Luciférine se sentait pousser des ailes, qu’elle aurait sûrement bientôt à ce train-là. À tous les coups, ça allait remonter aux oreilles du patron. Avec les efforts que j’ai déployés, je les mérite, se dit-elle, confiante. Elle restaurait la grandeur de l’enfer, rien que ça, il s’était un peu trop assoupli, les âmes damnées commençaient même à prendre leurs aises… Elle se tourna à nouveau vers Valentin, assez rêvassé, ça commençait à sentir le barbecue. Elle distinguait à peine sa figure rougie à travers la fumée.
  Elle souffla sur le feu, mise en appétit. Les flammes grandirent encore, serrèrent de près le malheureux qui se tordit en tous sens. Il brûlait vif, au cœur même de l’enfer. Autrefois, on l’aurait laissé dans les flammes pour l’éternité, mais les temps avaient décidément changé, et même Luciférine n’y échappait pas.
  Elle ordonna à un démon de rapporter un seau du puits et arrosa Valentin d’une gerbe d’eau glacée. Il tirait la langue comme un pendu, cherchant désespérément à boire sans y parvenir. Luciférine s’en aperçut et décida d’ajouter une dernière épreuve de son cru. Elle approcha le seau des lèvres de Valentin. Il se réjouit, car à sa grande surprise, c’était bel et bien de l’eau cette fois ! Mais le seau semblait sans fond et déversait sans fin de l’eau dans sa gorge. Son ventre se mit à gonfler, ses poumons à se remplir d’eau – il se noyait. Luciférine finit par reposer le seau sous les applaudissements des démons.
   — Et maintenant, l’écartèlement ! annonça-t-elle en battant des mains avec enthousiasme.
  Quatre chevaux se frayèrent un chemin à travers la foule, des chevaux à la robe d’un noir parfait, aux grands yeux rouges et tout fumants de chaleur. Ils se cabrèrent et hennirent de concert, accompagnant les hurlement des démons. Valentin se mit à trembler de tous ses membres encore intacts.
  Luciférine rit au nez de la foule qui attendait, palpitante, le supplice. Elle s’inclina comme au théâtre, leur adressa un petit salut et un clin d’œil, avant de grimper sur l’un des chevaux. Elle souleva sa victime, l’installa devant elle, et flatta son cheval qui partit aussitôt au galop. Rayonnante, Luciférine poussa un cri de victoire, une sorte de youhoo pas très protocolaire. Les démons ne lui en tinrent pas rigueur et s’écartèrent pour la laisser passer, subjugués. Luciférine passa devant eux comme une reine, les saluant toujours avec dédain, avant de donner un coup de sabot à son cheval. Il partit au galop à travers le labyrinthe des tunnels de l’enfer. Luciférine chevauchait fièrement sa monture, goûtant son succès et l’ivresse de la vitesse, et Valentin devant elle semblait tout aussi fier d’avoir tenu bon dans les épreuves. Luciférine ne lui en voulut pas de son air fanfaron. Exaltée, elle le pressa plus fort contre sa poitrine, et mordit son cou avec enthousiasme.

  Elle le ramena dans sa cellule et planta ses yeux dans les siens.
  — Tu m’as trouvée bien cruelle, n’est-ce pas ? Pourtant, les tourments que tu as subis ne viennent pas d’ici, ils ont tous été inventés sur Terre, et encore, je les ai édulcorés ! Le supplice de l’eau, être brûlé vif, écartelé, mis en croix… tout ceci nous vient des hommes.
  Et là, elle l’embrassa. Un baiser tendre, fougueux, avant d’y mettre les dents, pour la forme.
  Le gong retentissait déjà, elle l’enferma à double tour et se hâta vers le rassemblement, curieuse des conséquences de sa séance.

***
   Photo de Loïc Siebe, lors de la dernière Sinners Fetish Party : Valentin attaché à la croix

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