Le tableau « Le déjeuner sur l’herbe » m’a toujours troublée, en raison du contraste je pense : la femme nue au premier plan, et ces deux hommes sombres, habillés de pied en cap, devisant paisiblement, comme si de rien n’était, avec naturel. Une scène champêtre dont nous sommes les voyeurs… on se sent vaguement coupables, avec nos pensées érotiques (la femme nous regarde !)
Et ce matin, mon trouble est ravivé avec cette publicité du Musée d’Orsay, une avocate en grande tenue qui défend corps et âme le tableau. Cette incursion du juridique apporte un contraste de plus au tableau, et semble « juger » le côté bdsm calme du tableau.
Je pense que les hommes sont troublés par l’idée d’être nus devant des femmes habillées (il existe de nombreuses illustrations dans l’univers bdsm notamment), et les femmes, c’est l’inverse : on sera troublées de se retrouver nues devant des hommes vêtus.
J’écris des généralités, toutes les configurations ont leur charme, et les préférences dépendent de nos tendances et de nos kinks. Une personne dominante préférera rester habillée pour jouir de voir la personne soumise nue, offerte à ses sévices, humiliée. Et la personne soumise goûtera l’humiliation de se retrouver nue devant une audience habillée, elle se délectera de son don, dépouillée de tout, ayant mis son ego de côté)
[EDIT] J’analysais le tableau avec mes yeux d’aujourd’hui : un jeu libertin avec une pointe de bdsm, mais une amie a partagé l’analyse de l’époque :
Alors… Le tableau choque parce que ça évoque très explicitement la fréquentation des prostituées dans les milieux grands bourgeois au 19e siècle le tableau a fait scandale justement parce que ce n’était pas une représentation idéalisée d’un antique où la nudité est sacrée (et donc tout le monde serait nu), mais bien la nudité crue d’une consommation sexuelle
– Photo : site du musée d’Orsay
