Dans notre bulle

Bulle d'hiver

   J’ai fantasmé récemment sur la réouverture des terrasses de cafés, mais il y a aussi les restos en terrasse… Bientôt ! Même si météo pluvieuse et venteuse risque de gâcher un peu les retrouvailles 😉
    Il y aurait bien une possibilité…

***

   Dès leur arrivée au restaurant, un serveur leur indique fièrement le jardin.
   — Nous avons la chance d’avoir de l’espace ! Nous avons dressé des tentes regardez, ne vous inquiétez pas, vous aurez bien chaud, et une vue imprenable sur nos massifs de fleurs ! Vous serez mieux qu’en terrasse, elle est un peu exposée au vent, je dois vous l’avouer ! ajoute-t-il avec un clin d’oeil convenu.
   Emmanuel n’a guère confiance dans ces sortes d’igloos en plastique transparent, mais Céline s’élance déjà, battant des mains.
   — Viens, ce sera amusant ! Avec la pluie qui tombe tout autour de nous, et nous, bien à l’abri dans notre cocon…
   — Espérons-le !
   Emmanuel soupire, ce sera un dîner sous la pluie, c’est certain. Et ce qui est romantique dans les films l’est beaucoup moins dans la réalité ! Ces structures légères ne résisteront pas au moindre coup de vent, ils vont se les prendre sur la tête… Fichu joli mois de mai… Mais il n’a pas vu Céline depuis longtemps, il a envie de lui faire plaisir ; comment résister à son sourire plein d’espoir ?
   Plusieurs dômes trônent au milieu de la pelouse, le serveur les guide vers l’un deux. Il est effectivement chauffé et des fauteuils recouverts de fausses fourrures leur tendent les bras. Ils s’installent, consultent les menus. Emmanuel réprime un mouvement de recul, contrarié soudain. Ils ne se trouvent pas dans la partie brasserie, mais dans le restaurant gastronomique ! L’empressement du serveur s’explique, les prix sont nettement plus élevés… Emmanuel se résigne, c’est délicat de se relever quand Céline se réjouit déjà de son thon mi-cuit. Oh et puis tant pis, flambons, profitons ! Champagne ! Ils vont fêter dignement la réouverture des restaurants et leurs retrouvailles ! Il se concentre sur le sourire de son amie, son babillage, et se retrouve bientôt sous son charme. Sa main se pose spontanément sur sa jupe en un geste qui se veut affectueux, mais qui révèle plutôt son désir ; elle est si jolie avec ses joues roses d’excitation ! Il se sent confus un instant, ils sont amis depuis toujours, comment va-t-elle le prendre ? Il ne réussit pas à faire marche arrière… le veut-il seulement ? Sa main reste figée sur la cuisse de sa voisine.
    Céline ne se dérobe pas, elle semble saisie, dans l’attente de la suite. Emmanuel a chaud tout à coup, c’est sûrement à lui de prendre des initiatives, d’endosser ce rôle de mâle conquérant qui ne lui convient pas du tout, mais qu’elle attend, de toute évidence. Il lui sourit, frictionne son genou comme il ébourifferait les cheveux d’un enfant. Tout peut encore s’arrêter sans risque pour leur amitié. Il prétendra qu’il a voulu la réchauffer.
  — Tu n’as pas froid ? On est bien là, dans notre bulle ! fait-il pour briser le silence qui menace de s’installer.
   Céline lui sourit en retour et lève les yeux vers leur plafond de plastique. Elle contemple le ciel, les arbres environnants, les nuages qui passent à toute allure… Elle rajuste la fourrure autour de ses épaules.
   — J’adore ! On a l’impression de se trouver dehors, à une nuance près : il fait bien chaud.
    La pluie qui martèle le toit de plastique ajoute une touche de magie. Son clapotis se renforce, elle tambourine sur les parois, elle semble se ruer vers eux, avant de répandre le long du dôme en une infinité de ruisseaux. Bientôt, la buée s’installe sur les vitres de plastique ; on n’y voit goutte. Ils se retrouvent seuls au monde, isolés, cernés par un épais brouillard.

   Ils se pelotonnent sous leurs fausses fourrures, ils échangent des confidences, des prémices de caresses. Le serveur ne revient pas, il les a visiblement oubliés ; ils sont les seuls clients à s’être aventurés sous l’une de ces bulles, loin de l’entrée du restaurant.
   Emmanuel va en profiter pour pousser son avantage. Discrètement, il se faufile sous la fourrure, soulève légèrement la jupe, caresse le soyeux d’un collant et poursuit son chemin de ses doigts curieux avant de s’arrêter. C’est à son tour de se montrer surpris : de la dentelle, et puis la peau nue, si douce sous ses doigts… chaude, brûlante même. Elle porte des bas ! Il n’ose continuer, tenaillé pourtant par une question essentielle : porte-t-elle une culotte ?
   Timidement, ses doigts progressent à nouveau et heurtent la chair tendre et humide, deux petits lobes de chair plus exactement, ils s’écartent à leur contact et les aspirent goulument en leur sein. Ses doigts se retrouvent prisonniers, tendrement serrés et enduits de rosée tiède. Il tente de les remuer, d’explorer, mais son amie s’agite. Elle ferme les yeux, ouvre plus grand les jambes, et bientôt, à son grand étonnement, saisit son poignet pour guider sa main selon son bon plaisir. Il comprend vite ses attentes. Il s’est enfoncé trop loin, elle veut être caressée à l’orée de son sexe, sur son pourtour, et au-dessus aussi. Et plus doucement. Il s’exécute de son mieux, encouragé par ses gémissements qui gagnent en puissance. Il songe à quitter son siège, il voudrait se glisser sous la table, s’agenouiller entre ses jambes, remplacer ses doigts par sa langue, laper ce lait qui clapote entre ses doigts et s’enivrer… quand soudain, il est brusquement ramené sur terre par l’obséquieuse présence du serveur.
   — Ces messieurs dames ont-ils choisi ?
   Quel troubleur de fête lui alors, il tombe mal ! Emmanuel fronce les sourcils, résistant à l’envie de chasser le malotru, avant de se raviser. Après tout, ils sont dans un restaurant qui fait aussi hôtel ! Sa timidité s’envole, les doux gémissements de Céline lui ont donné des ailes.
   — Merci, mais nous avons changé d’avis, nous allons opter pour le room service finalement.
   Il se lève sans attendre de réponse et entraîne son amie à sa suite vers l’accueil.
   — Je voudrais une chambre s’il vous plaît. Oui, c’est pour tout de suite !

   Photo prise sur le net, retirée sur simple demande

4 commentaires

  1. Nina a écrit :

    Histoire très bien raconté et effectivement on imagine la suite

    1. Clarissa a écrit :

      Merci Nina ! Je pense qu’il y aura des miettes dans le lit

  2. Clarissa a écrit :

    Merci cher matou ! J’aime bien les débuts…

  3. Le Matou Liberti a écrit :

    sympa cette histoire… on se doute de ce qui va se passer ensuite… mais c’est inutile de le préciser…

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