La vie d’avant

Jeune, je n’avais pas la télé, j’allais très souvent au cinéma. J’aimais beaucoup les pubs avant le film, je tannais mes amis pour arriver pour arriver au plus tôt, je ne voulais en manquer aucune ! Je ricanais ou les admirais, je les scannais de mon regard acéré tout neuf de chargé de com (ce sentiment d’imposture de dépenser l’argent à tout va pour du blabla ! Heureusement il coulait à flots)
Un soir, je marque un temps devant une publicité de la SNCF, la musique m’enthousiasme, m’enflamme… Je tombe raide dingue de cette musique au point d’y penser tout le temps.
Sombre époque d’avant Internet ! Aucun de mes amis soi-disant fins mélomanes (mouais) ne reconnaît cette musique, je me résous à écrire à la SNCF de ma plus belle plume (non, non, les ordinateurs perso et les imprimantes existaient déjà ^^), je glisse ma lettre dans une enveloppe, lèche un timbre, et m’en vais poster ma lettre deux rues plus loin.
Quelques temps plus tard, la SNCF me répond très aimablement avec des remerciements (j’avais évoqué mon amour des trains, une histoire d’amour qui dure !) le titre du morceau, et me voilà en route vers la FNAC pour acheter le CD de la BO du film « Le ventre de l’architecte ». Tout le CD me plaît, à part une ou deux musiques étranges (une chance, le nombre de CD achetés pour une seule chanson !), mais j’écoute surtout ce morceau en boucle, je m’exalte, heureuse et hypnotisée, j’aime les accélérations, les motifs qui se rajoutent au fur et à mesure (je ne me doute pas encore de l’effet que me fera l’électro !)

Les temps ont tellement changé ! Et « c’est mieux maintenant ! »
Quand une musique me plaît, hop, je lance Shazam pour identifier le morceau, et deux secondes plus tard, il atterrit sur mon compte Deezer. La vitesse de la lumière, sans efforts… et l’IA est là pour retrouver tout ce qui me turlupine (mais elle n’a pas retrouvé cependant cette fameuse pub de la SNCF que j’aurais bien revue, personne ne l’a encore postée sur Youtube, je vais finir par écrire à la SNCF 😉. Seul indice glané : la pub date de 1996 )
Je vis désormais dans un monde sans publicité (autre que l’affichage dans le métro, bienvenu pour nous distraire), je ne vais presque plus au cinéma, Netflix et Disney+ se sont imposés. Ah si, j’ai regardé la publicité d’Intermarché, avec ce pauvre loup solitaire qui doit renoncer à sa nature profonde pour se faire des amis – mais j’ai quand même versé une larmichette comme tout le monde tant le dessin est touchant !

(Après avoir vécue et adoré la révolution d’Internet, j’attends avec impatience la révolution de l’IA, même si elle fait l’objet de quelques frottements et grincements de dents (il faut absolument trouver le moyen de protéger la création artistique par exemple), à la fin : « ce sera mieux qu’avant » (le temps gagné par exemple)

La musique en question : Struggle for Pleasure (tout un programme !) de Wim Mertens

 

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