Une soirée brûlante à souhait
Le froid envahit Paris, la bise souffle fort sur les boulevards ; la neige est attendue !
Heureusement, les portes s’ouvrent aussitôt devant nous, et nous nous enfonçons avec bonheur dans les entrailles chaudes de la terre – ce club sous la tour Montparnasse où La Monarch a pris ses quartiers depuis quelques soirées déjà.
Une pièce aménagée de rideaux nous permet de nous changer tout à notre aise (heureusement, vu les couches de pulls et les énormes doudounes dont nous nous délestons – pensée émue pour le staff qui va devoir gérer toute cette masse de vêtements !). Plus tard, cette pièce deviendra une play-room, une annexe bienvenue.
Nous descendons les marches vers la grande salle, telles des stars déchues, vêtues de nos atours fetish minimalistes. Un stand nous accueille, il propose des tenues pour les étourdis qui n’ont pas respecté le dress code, des accessoires bdsm, des jouets, tous soigneusement choisis, et cet olisbo de verre renvoyant la lumière des lasers ! Il bondit dans ma main comme par magie et ne me quitte plus !

Nous sommes tous réunis dans la plus grande salle cette fois, pour mieux se tenir chaud. Pour l’instant, frigorifiée, je grelotte dans ma robe fetish, mon coca glacé à la main, en compagnie des premiers arrivés – je suis admirative de ceux portant un simple string de cuir, voire rien du tout !).
Le DJ est excellent, il nous offre un démarrage progressif et irrésistible, avant les grandes envolées et les rythmes trépidants. J’ai beaucoup aimé le deuxième DJ aussi, ensuite, j’avoue m’être moins concentrée sur la musique, omniprésente, qui a continuer de nous porter, de nous transporter au-delà de nos limites. C’est par elle que tout arrive, c’est la principale coupable 🙂
Nous nous réchauffons en dansant et en nous faisant des accolades et des hugs – et ça marche, je n ‘ai plus froid ! Je danse en levant mon sextoy de verre en l’air, pour l’admirer miroiter sous les lumières qui balaient l’espace, m’attirant des sourires en coin et des questions taquines. Je suis un peu inquiète, je dois faire attention à lui, je crains qu’il se casse. Il tient pile dans ma main – la taille idéale (qui compte 😉). Il se fait oublier tandis que je le serre fort, mon talisman magique pour la soirée, comme une invitation muette à tous les excès ! Je l’exhibe à l’occasion, mais il est resté vierge.
J’adore cette sensation de danser dans un océan de musique, la musique tout autour de nous, et en nous, avec les basses qui vibrent dans nos poitrines et nos ventres. Bientôt, je me retrouve cernée de toutes parts, les fêtards arrivent, se pressent près du DJ, j’ai bien chaud enfin, au milieu de tous ces corps de plus en plus moites. Très chaud même, ce qui n’est pas pour me déplaire, au contraire ! Sensation de voleter, de flotter sur la piste de danse, avec les amis retrouvés (parfois venus de loin !).
Je déambule dans toute la salle, pour le plaisir de me faufiler entre les corps chauds, tenant toujours dans une main mon olisbo de verre, de l’autre la laisse d’un soumis attrapé au passage – jusque dans les escaliers, où je m’attarde pour discuter (heureusement, on me rappelle à l’ordre gentiment : je bloque la circulation !)
Tout au fond de la salle, la play-room, bien sombre, éclairée seulement de petites lumières au-dessus des sorties de secours. La température monte encore d’un cran, les peaux brûlent et s’appellent, la fournaise nous tourne les sens. Les gens se massent les uns contre les autres, en un bain de foule bouillant propice à tous les excès, et tous basculent, contre les murs, sur les matelas… L’atmosphère est suffocante, et c’est bon aussi de manquer d’air -ce ne sont pas les adeptes du breath play qui me contrediront. On respire un air différent, comme si on était sur une autre planète, et nous nous adaptons, nous nous métamorphosons, nous ne sommes plus des êtres pensants.
J’y fais quelques incursions pour le plaisir de mourir de chaud à en perdre la tête, d’avoir le tournis, au milieu de ces corps incandescents, en mouvement, ruisselants, et nimbés de brouillard de condensation. Un lieu onirique, avec la musique à peine assourdie, qui nous soutient, nous pousse à franchir tous les obstacles et fait voler en éclats nos dernières réticences ! Je ressens les effets de ce puissant sortilège : si on s’attarde là trop longtemps, on n’en ressort plus, on s’ébat joyeusement jusqu’au bout de la nuit, au hasard des rencontres et des coussins sur lesquels on tombe ! Je réussis à m’arracher des lieux – essentiellement dédiés aux amours viriles d’ailleurs – je tiens à regarder les shows, j’ai gardé une alerte dans un coin de ma tête, tic tac, je ne veux pas les manquer – très bonne idée d’avoir mis les horaire sur le programme affiché près du bar.
Des show sulfureux à souhait, ils ont achevé de faire basculer la soirée. J’en garde des images étincelantes :
– Master Djeno agrafe des rubans sur la peau de sa créature endormie, Dame Vipers, artiste fetish à souhait, et tire ensuite les fils de sa marionnette. Elle se libère, danse follement, et retire une à une les aiguilles piquées dans son front. Des gouttes de sang perlent sur son visage, elle s’en barbouille les joues tout en dansant, sauvage et belle !
– Dans le deuxième show, une soumise et un soumis se tiennent dans les bras l’un de l’autre, les yeux bandés, fesses tendues aux flagellations de Master Djeno et Dame Vipers, qui a switché. Ils seront aussi fouettés, sur les bras, et même dans le cou, arrosés de cire chaude, parfois déversée directement sur une langue tendue, et enfin, enflammés… Très beau tableau, ces soumis se tenant par la main, avec leurs mains en flammes !
Un show brûlant, dans une soirée déjà chauffée à blanc ! Un ami doit même filer dehors en urgence pour se rafraîchir sous les flocons de neige.
Petite virée au bar (merci pour les verres d’eau en libre-service !) , mon voisin m’interpelle en voyant mon soumis que je tiens toujours en laisse :
— Tu es dans le bdsm aussi ?
— Oui… (la musique est tellement forte, difficile d’entrer dans le détail du « oui, mais non » dont je suis la spécialiste)
— Pareil, j’ai emmené plein de trucs (il ouvre sa besace, me montre des menottes).
— Mon soumis porte un collier électrique, je vais lui envoyer une impulsion pour qu’il me rejoigne.
Je suis fascinée ! Excellent ! Laisser son soumis vadrouiller, lui donner le goût de la liberté, et soudain, une piqûre électrique pour le rappeler : il doit revenir au trot d’urgence !
Toujours au bar, lieu de toutes les rencontres, je croise la poigne virile d’un dominant. Il me coupe le souffle d’un regard et de ses mains, me broie entre ses mains. Je m’envole, légère et affaiblie, entre la chaleur, ses mains, son regard. Il chipe mon sextoy, fait mine de me trancher le cou avec le gland de verre. Une pensée parasite me traverse : et s’il se brisait, s’enfonçait dans ma gorge… Mais le maître sait doser la pression, il me libère et me renvoie d’une tape sur les fesses. Je me plains : et l’after care alors ! Je vais devoir aller le chercher ailleurs 😉
Un mot sur la file d’attente des toilettes, lieu propice à des rencontres super sympas avec des filles ultra lookées et bien déjantées, et aussi des retrouvailles entre amies ! J’appréhende toujours d’y aller, d’y « perdre du temps » vu la queue, mais finalement, c’est souvent un moment de rires, de bavardages entre filles, tout en reposant nos oreilles. Avec des fous rires aussi, quand des impatientes tambourinent aux portes !
Je rends les armes à l’aube, un peu dépitée de ne plus tenir sur mes jambes et de rater une heure de soirée, mais enchantée de cette nuit de feu !
C’est si dur de s’arracher de ces lieux brûlants pour retrouver le pavé parisien glacé (hélas, il ne neige plus) et d’attendre notre tapis volant avec d’autres individus emmitouflés et méconnaissables. Ce contraste avec ce que je viens de vivre !
Ce n’est qu’un au-revoir :
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PS : J’ai commencé à le dire à droite et à gauche : j’arrête les récits de soirée, faute de temps, et je crains de me répéter, de raconter toujours peu ou prou la même chose (même si pour nous, les participants, chaque soirée est vécue avec fièvre, excitation, enthousiasme, nous vivons intensément ce « présent éternel » qui ne dure qu’une nuit.)


