L’amour en mer

Je viens de lire L’amour en mer, de Clément Villaume paru mi juin à La Musardine, « un roman parfait pour l’été » dit la 4e de couverture ;  j’approuve totalement !

Il s’agit d’un huis-clos sur un voilier, mais point de meurtre, d’enquête au programme, on n’est pas dans un thriller, mais dans une aventure érotique ! Il ne sera question que d’amour et de plaisirs (toutes sortes de plaisirs…). Un huit-clos amical, sensuel, et moult possibilités entre les cinq compagnons de galère sur ce bateau en pleine mer, toutes voiles dehors, loin de tout, des conventions sociales, des obligations… Une hétérotopie où tout devient possible, et les marins ne tardent d’ailleurs pas à fonder leur utopie !

Baptiste recrute trois filles sur le net pour une croisière. Il ne s’agit pas simplement de cabotage, il est question de traverser l’atlantique ! Ils ne se sont jamais vus (seuls les deux garçons se connaissent déjà), et les voilà réunis dans le même bateau. C’est un pari risqué, un sacré défi de se retrouver entre inconnus, après juste un coup de fil pour l’entretien de recrutement ! Ils vont se découvrir les uns les autres, et se découvrir eux-mêmes surtout, se libérer de carcans qu’ils s’imposaient ou imposés par d’autres… Il y aura parfois des couacs, plus ou moins graves.

Une recrue surprise débarque en cours de route, solaire, attachante, libre. Elle va apporter un vent de fraîcheur et de nouveauté avec des idées très créatives, et bien dans l’air du temps des soirées sexo et bdsm – j’étais dans mon élément, en terrain connu ! Certains et certaines vont être initiés  à de nouvelles façons de jouir, à de douces tortures, pour découvrir de nouveaux plaisirs : la bisexualité, le shibari par exemple, et je ne veux pas spoiler d’autres pratiques tout à fait délectables, et même artistiques ! Tout est fluide, naturel… (parfois, certains seront peu forcés quand même, surtout le capitaine, c’est pour son bien ! On est dans un roman, le consentement peut être un peu bousculé ^^ )
Elle met l’accent sur l’importance de ralentir, d’éviter la frénésie, l’abus d’alcool et de substances, quitte à se faire traiter de rabat-joie.

Le groupe n’évite pas les soucis inhérents à toute expérience d’amour libre : il y a des jalousies, du désir non réciproque ou des désirs qui ne se rencontrent pas… Mais ils sont soudés comme jamais – et on ne peut pas se disputer trop fort quand on se retrouve perdus au milieu de l’océan, entourés d’eau pendant des jours et des jours, sans la moindre terre à l’horizon !
Ils ont cette excellente idée : chacun doit écrire à tour de rôle dans le journal de bord. L’écriture, cette merveilleuse façon de s’éclaircir les idées et de faire le point sur soi, ses envies…

Un seul bémol : j’ai buté sur la façon de qualifier les personnages (c’est vraiment un détail que je relève histoire de prouver que j’écris une chronique objective !) : au lieu de les nommer par leurs prénoms, l’auteur choisit souvent de les désigner par des surnoms : la bergère, la catho, l’Indien… Peut-être pour éviter la répétition des prénoms ?

L’histoire m’a replongée dans mes souvenirs, car j’ai participé à plusieurs croisières entre amis il y a longtemps, et, passé le premier jour où j’étais bien barbouillée, j’adorais l’ambiance et ce sentiment de liberté au milieu des flots déchaînés ou trop calmes ! Mais on jouait à des jeux de rôles, pas à des jeux sexuels (hélas). J’étais la seule fille, amoureuse tour à tour de tous les garçons à bord, et fantasmer suffisait à mon bonheur, avec sa dose de frissons et de frustrations ! J’étais mise à l’épreuve aussi, en raison d’une légère claustrophobie, c’est petit un bateau, on est les uns sur les autres (ah ah), et le confort est spartiate. On est rapidement tout collant de sel, de sueur, de crème solaire ; la douche le soir au port est un moment divin (on mouillait tous les soirs, alors que là, dans le roman, il est question de plusieurs jours en mer et il faut rationner l’eau ! – je n’ose imaginer l’état poisseux de l’équipage ! Ce goût de sel délicieux à lécher…

J’ai beaucoup aimé ce roman, son ton léger, joyeux, l’écriture inventive, pleine de trouvailles et d’humour. Je me suis régalée avec les scène sensuelles, les emmêlements à deux, à trois.. sans oublier les frottements inhérents à la promiscuité et aux différences de caractère de chacun, et la façon de les résoudre…
– et pour une fois, c’est un garçon qui écrit une histoire érotique, ce qui ajoute du sel ! Il nous offre un roman kinky et joueur, bien dans les codes et la vibe du moment !
Ah et j’ai appris un truc, je vous le donne au cas où : un ananas renversé signifie qu’on est libertin ! (Je vais ouvrir l’œil cet été)

Un mot enfin sur la belle couverture colorée et évocatrice ! Je ne verrai plus jamais les voiliers de la même manière ^^

Quelques citations

– L’œil est une œuvre d’art (…) Il y a une puissance, une profondeur dans ces deux organes magiques. C’est d’ici que vient l’amour. Les yeux. C’est toujours comme ça que ça commence : un clin d’œil coquin, un regard qui sourit. Quelle zone érogène délaissée !

– Notre cerveau est ce qu’il est. Il va forcément chercher le moyen le plus rapide pour prendre du plaisir.
(à méditer ! Il y  pas mal d’exemple dans le livre pour ressentir plus de plaisir : plus souvent, plus fort !)

– Depuis que tu es arrivée, tu as instauré la dictature de la bienveillance sur le voilier, on ne peut plus picoler, on ne peut plus fumer un pétard, et se prendre des bites si on en a envie.

Le résumé de l’éditeur

Un roman parfait pour l’été : le cadre de la croisière maritime, un groupe de trentenaires, l’exploration et la découverte de pratiques sexuelles tout en fluidité, légèreté et modernité.

À bord de son voilier, Baptiste, fils à papa aussi à l’aise sur les flots que dans les quartiers branchés parisiens, embarque un équipage haut en couleur direction les Caraïbes. Il réunit Alice, citadine qui n’a jamais navigué autrement qu’un cocktail à la main sur une péniche. Maria, bergère provençale pas du genre à louvoyer face à l’adversité. Ernestine, catho pas si coincée qui rêve de prendre le large. Et Suraj, pêcheur indien, dont l’attirance pour les garçons est noyée sous le poids de la tradition…

Éperdu en mer, le groupe en pleine ébullition instaure vite la  » République populaire de la baise libre « . Sous ce nouveau pavillon, les corps s’étreignent, les âmes se dénudent et une vague de sensualité les emporte vers des profondeurs jusqu’ici inexplorées. Une lecture jouissive et rieuse, qui démontre que dans le voyage, ce qui compte, ce n’est vraiment pas la destination !

Pour vous le procurer

La Musardine 122 rue du Chemin-vert Paris 11e
Amazon 

 

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