Elle le savait bien et s’y attendait : vivre en couple sous le même toit sonne le glas de la passion des débuts. Le train-train quotidien, les tournées de linge et les fuites d’eau se chargent d’apaiser les passions les plus torrides — mais c’est largement compensé par la douceur de la vie à deux !
Puis viennent les enfants, qui en rajoutent une couche, si l’on peut dire, mais c’est aussi tellement de bonheur, de rires et d’amour en plus ! (et de galères aussi ^^).
Enfin, et ça personne ne l’a vu venir, le télétravail donne le coup d’épée final à l’amour pour toujours. Ils n’étaient pas prêts. Ils ont résisté aux chaussettes sales, aux nuits hachées, et voilà que la vie commune H24 et la promiscuité les achèvent. La frontière entre le travail et les loisirs devient floue, les deux se mélangent, la sensation de manque et la joie des retrouvailles du soir disparaissent, la liberté d’être seule chez soi aussi…
Un chien est adopté, apporte de la joie, du mouvement, de l’ambiance, des câlins et des bêtises, mais les cloue encore plus à l’intérieur, prisonniers volontaires. Une maison en banlieue avec jardin est envisagée, pour que le chien puisse s’ébattre, oreilles au vent.
Et là, elle ouvre les yeux aux seuls mots de « maison en banlieue », est-ce vraiment ce qu’elle souhaite, au plus profond d’elle-même ? L’enterrement vivante dans une lointaine banlieue, à papouiller le chien en attendant la retraite, et rejouer Desperate housewifes à la française à l’infini ?
Elle n’a plus qu’une envie, s’enfuir à toutes jambes, mais le piège s’est refermé sur elle. Elle a donné de vagues signes d’assentiment qui ont été interprétés comme de l’enthousiasme, distribué des sourires encourageants bien qu’un peu figés – comment revenir en arrière et les décevoir tous.
Avec toutes mes excuses aux banlieusards et banlieusardes, je ne suis qu’une horrible Parisienne ^^
– Photo : Julia Roberts, pub pour Lancôme


