Retour de lecture : Pornografia d’Alice Scornajenghi
Il vient d’être traduit à La Musardine et m’a tout de suite attirée, car il réunit de deux mes passions : la science-fiction et l’érotisme ! Je me suis jetée dessus, et j’ai dégusté toutes les histoires, autant de friandises dont je me suis régalée.
J’ai adoré ces nouvelles innovantes, drôles, excitantes, parfois un peu délirantes, avec même un petit côté kitch, voire « nanar », mais sans jamais tomber dans les excès du genre. Le côté délirant est dosé avec soin, nous restons plongés dans ces futurs plus ou moins utopiques.
Plusieurs nouvelles sont assorties d’annexes pleines d’humour : fausses pubs ou flyers, modes d’emploi… qui ajoutent une touche de « crédibilité » pour sourire.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu des nouvelles SF aussi joyeuses, farfelues, inventives !
La toute première m’a enchantée ! Très créative, et très excitante aussi. Une jeune femme fait une cure un peu particulière pour soigner son asthme, à base de soins composés avec le sperme de jeunes hommes « traits » pour l’occasion par une machine spéciale, ou sollicités directement… Savoureux en tous points ! J’ai goûté le contraste entre le côté « clinique » des soins, le professionnalisme froid et distant du personnel, et la patiente qui se trouble de plus en plus au fil du temps, et en redemande. (La lectrice, elle, est troublée tout de suite !)
J’ai beaucoup aimé les autres histoires du recueil aussi :
– Une nouvelle technologie permet de rapetisser : on peut enfin accompagner son conjoint partout, en était minuscule, et tout observer comme une souris, sans se faire remarquer. Ou bien, on peut jouer de sa petite taille pour devenir un sextoy vivant… Mais l’héroïne se retrouve spectatrice malgré elle d’un rendez-vous de son chéri avec sa maîtresse ! Elle va très bien s’accommoder de la situation finalement, et la retourner à son avantage. Une nouvelle candauliste bien sensuelle.
– Dans une autre histoire, le messie est de retour (Jésus lui-même, si si). Pour prouver l’existence de Dieu, il réalise toujours des miracles, mais ils ne durent qu’une seule journée. Une jeune femme demande à être doté d’un pénis,curieuse de ressentir les sensations de l’homme. Mais une journée ça passe vite, il n’est pas si simple « d’aboutir ».
– Je me souviens aussi d’Aliens curieux, voulant comprendre notre processus de reproduction…
– La dernière nouvelle est grinçante et drôle avec son renversement de situation : les derniers humains sont regroupés dans un zoo, et leurs gardiens sont des pandas – mais les humains n’ont pas le moral, et se montrent peu « portés sur la chose », malgré la pression des gardiens pour les encourager et leurs méthodes réfrigérantes.
Mention spéciale à la couverture pop, colorée, avec ce panda au milieu qui m’a intriguée d’emblée !
La présentation de l’éditeur
Sept histoires visionnaires qui pulvérisent nos fantasmes.
Les derniers survivants de l’humanité sont enfermés dans un zoo, leur extinction est désormais certaine, mais les pandas, maîtres du monde, les maintiennent en vie et tentent de les convaincre de se reproduire… Une incroyable nouveauté technologique, le Small With Youtm, permet aux individus de devenir minuscules et de se transformer en jouets de plaisir… Un mystérieux Messie réalise n’importe quel vœu pour 24 heures : certains choisissent richesse ou célébrité, d’autres de faire l’amour dans la peau d’une personne du sexe opposé…
Alice Scornajenghi invente des mondes où les configurations sexuelles se démultiplient, brisant les barrières des genres, des espèces et du temps. À mi-chemin entre la dystopie de Black Mirror et la fantaisie de Wes Anderson, ces récits insolents et excitants déconstruisent avec finesse notre société patriarcale hétérocentrée.
Originaire de Cosenza, Alice Scornajenghi exerce à Rome en tant qu’autrice et directrice artistique. Elle publie régulièrement des nouvelles dans des revues, et a fondé en 2018 le fanzine porno Ossì, inlassablement victime de son succès dès sa sortie.
Traduit de l’italien par Audrey Richaud.
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